C’est officiel !
Dans une interview donnée au Point ce mardi 3 septembre, Édouard Philippe a validé ses ambitions élyséennes. « Ce n’est un mystère pour personne que je serai candidat à la prochaine présidentielle« , a-t-il expliqué. Il a notamment promis de mettre en oeuvre un programme « massif » pour les Français. Cette annonce n’est pas étonnante, cela faisait plusieurs mois que l’ancien premier ministre était pressenti pour se présenter. Mais c’est une autre variable qui pose un peu plus question.
Un timing catastrophique ?
Lors de son annonce, le 3 septembre, la France ne connaît pas encore son Premier ministre et la sphère médiatique est totalement monopolisée par ce sujet. Résultat, le reste de l’actualité politique est un peu mise de côté. C’est pourtant le moment qu’a choisi Édouard Philippe pour affirmer ses ambitions de conquête de l’Élysée en 2027. « Le timing est pourri, on n’en a rien à cirer », a rétorqué Florence Portelli, vice-présidente de LR, sur RTL. L’ensemble du monde politique, que ce soit de droite ou de gauche, n’a pas compris cette décision. C’est aussi le cas de Gérard Leseul, député du Parti Socialiste dans la 5ème circonscription de la Marne.
« La candidature, on s’y attendait. Ce qui m’étonne un peu, c’est le timing. Juste avant la nomination de M. Barnier à Matignon. Après, Édouard Philippe construit son agenda et sa pré-campagne comme il l’entend. Mais cela pourrait lui coûter cher. »
Malgré tout, cette candidature a eu le droit à son moment de gloire dans les médias, mais celui-ci a été de très courte durée. D’autant plus deux joueurs plus tard, Michel Barnier est élu Premier ministre. Une news éclipsant totalement l’annonce du maire du Havre.
Une fracture profonde de la macronie
Effectivement, lorsque que l’on dit que l’ensemble de la sphère politique est dans l’incompréhension de cette décision, ses alliés politiques sont aussi dans le panier. Que ce soit le Modem ou En Marche, les réactions sont quasiment unanimes. Cette déclaration n’est pas la bienvenue. Les deux parties ont peur qu’Édouard Philippe réalise un coup de force et s’impose comme le chef de file de la succession d’Emmanuel Macron sans consulter ses homologues. Néanmoins, du côté des membres d’Horizons cette candidature a un but tout autre, le rassemblement. Luc Bouard, maire de la Roche-sur-Yon et référent régional d’Horizons Pays de la Loire, donne sa vision des choses.
« Sur le timing, je rappelle que c’était avant le choix des premiers ministres, et donc c’est aussi le moment où tout le monde était un peu dans le flou. Tout le monde était un peu dans l’expectative sur ce qui pouvait se passer. Maintenant, il y a un patron qui se déclare et qui souhaite rassembler. C’est ça, en fait, le sens de cette candidature« .
“Le précédent mandat a démontré l’urgence de clarifier nos engagements et de mettre fin au parisianisme politique”
De son côté, le parti Renaissance continue de perdre quelques unités. C’est au tour Charlotte Parmentier-Lecocq, ex-présidente macroniste de la commission des affaires sociales de quitter Emmanuel Macron pour rejoindre Édouard Philippe. Même tour de passe-passe pour Xavier Roseren. Celui-ci explique son choix dans un communiqué de presse en expliquant que “le précédent mandat a démontré l’urgence de clarifier nos engagements et de mettre fin au parisianisme politique”. Encore une belle gifle pour l’actuel président. Une preuve de plus que l’après Macron va être une étape très difficile. Le bloc du centre risque de ne pas sortir indemne de cette histoire. Gérard Leseul appuie cette théorie en disant,
« Il y a forcément un après-Macron qui aiguise les appétits, les envies, les ambitions des uns et des autres à droite et au sein de la macronie. Il y aura certainement une offre assez fracturée, lors de la prochaine élection présidentielle« .
La confiance règne
Du côté du parti Horizons, ce choix semble totalement logique. Édouard Philippe part du principe qu’il faut anticiper la campagne politique à venir au vu de l’état de la politique française actuelle. C’est une manière pour lui de montrer qu’il sera prêt quoiqu’il se passe dans l’agenda politique durant les 3 ans qui précède cette élection présidentielle. « S’il y a bien quelque chose qu’Emmanuel Macron nous a appris depuis 7 ans, c’est de ne s’attendre à rien et de s’attendre à tout. Toutes les hypothèses sont possibles dont celle qu’il ne finisse pas son mandat. Horizons est prêt« .
Si l’on prend la définition du mot horizon dans un dictionnaire, on trouve ceux-ci. Ligne circulaire où la terre et le ciel semblent se rejoindre et qui limite le champ visuel d’une personne en un lieu ne présentant pas d’obstacle à la vue. Malheureusement pour Édouard Philippe et son parti Horizons, il risque d’avoir énormément d’obstacles en vue avant 2027. La tâche s’annonce ardue.