Renault F1 et Viry-Châtillon : 47 ans d’amour…
Dès son arrivée en Formule 1 en 1977, Renault Elf choisis d’occuper les locaux de Renault Sport de Viry-Châtillon pour la conception de ses monoplaces. Le site se spécialise dès sa création sur la conception et l’étude de pièces ainsi que sur la conception de moteurs. Le site essonnien héberge alors aussi les bureaux d’études, les laboratoire des fabrications et les bancs d’essais, en faisant le véritable QG de la marque.
À partir des années 90, le site de Viry-Châtillon se voit mis en relation avec le site d’Enstone en Grande Bretagne, partageant de nombreuses fonctions avec son homologue français. En 2002, le groupe Renault décide de dissocier plus clairement les activités des deux sites, Viry-Châtillon sera uniquement voué à la conception, le développement et l’exploitation d’unités de puissance tandis qu’Enstone se chargera de la conception des monoplaces.
Entre 2010 et 2014, le site se retrouve en souffrance en raison d’un manque d’investissement ne lui permettant pas d’investir dans des infrastructures nécessaires à la réalisation des moteurs V6 hybrides, alors en vigueur en Formule 1. Finalement, en 2016, le groupe Renault décide d’investir massivement pour la modernisation et l’agrandissement de la structure. Le site passe alors de 4000 m2 à 25 300 m2 à la pointe de la technologie.
Le site de Viry-Châtillon dispose alors d’une salle des opérations regroupant de nombreux ingénieurs en lien avec leurs collègues présents dans les paddocks de F1. Il dispose également de 20 bancs d’essais, lui permettant de tester les moteurs sur son site de production. Ainsi, depuis son ouverture en 1977, le site de Viry-Châtillon comptabilise pas moins de douze titres de champion du monde en tant que motoriste.
Pourquoi Mercedes ?
Après McLaren, Aston Martin et Williams, Mercedes semble encore bien parti pour voir son moteur concourir au sein d’une nouvelle écurie. Connu pour sa fiabilité, le moteur Mercedes a toujours suscité l’intérêt de nombreuses écuries de Formule 1, à tel point qu’il est actuellement le plus représenté sur la grille aujourd’hui.
L’arrivée d’Alpine sous le giron Mercedes semble alors être une aubaine pour les dirigeants des deux écuries. Sur le principe, le choix d’Alpine va lui permettre de réaliser des économies considérables en ne déboursant que 17 millions d’euros pour se procurer le moteur allemand contre 120 millions pour le développement complet de leur propre unité de puissance. De l’autre, Mercedes verra Alpine remplacé Aston Martin au rang des écuries motorisées par la marque allemande, l’écurie de Lawrence Stroll étant motorisée par Honda dès 2026.
Mais ce choix interroge également en raison de la configuration actuelle de l’écurie Alpine. En effet, le 21 juin dernier, l’écurie française a annoncé le retour de Flavio Briatore en qualité de « conseiller exécutif pour les activités Formule 1 ». Notamment connu pour son implication dans le « Crashgate » lors du Grand Prix de Singapour 2008, beaucoup de journalistes croient en l’implication de l’homme d’affaires italien dans ce retournement de situation, préférant devenir une écurie cliente.
Le choix du moteur Mercedes peut également apparaître comme un choix d’avenir. Si la victoire d’Esteban Ocon lors du Grand Prix de Hongrie 2021, apparaissait comme le renouveau du moteur Alpine, présageant d’un avenir brillant, aujourd’hui tout cela n’est plus. L’équipe a essuyé de nombreux coups durs, dont la rupture inattendue opérée par Oscar Piastri envers son écurie formatrice pour rejoindre McLaren ou encore la rivalité croissante entre Ocon et Gasly. D’autant qu’aucune autre écurie ne possède le moteur Renault sur la grille, ce qui représente un manque de revenus et de donnés considérable. Renouer avec un moteur puissant et fiable pourrait permettre à Alpine d’attirer à nouveau des pilotes prestigieux et de construire un projet à long terme, sous motorisation allemande et non plus tricolore…
Une mobilisation sans précédente des salariés et des élus…
Seulement quelques heures après l’annonce du groupe Renault, Jean Marie Vilain, Maire de Viry-Châtillon s’est empressé d’écrire au Président de la République ainsi que de contacter Luca De Meo, directeur général du groupe Renault et Philippe Krief, PDG du groupe Alpine F1, pour défendre « cette école de l’excellence française », affirme-t-il sur ses réseaux sociaux.
« Abandonner ce secteur au profit du constructeur Mercedes risquerait de provoquer une fuite des compétences clés vers l’étranger, augmentant aussi notre dépendance à l’égard d’autres pays pour des technologies avancées, alors qu’en tant qu’actionnaire de Renaut, l’État a la responsabilité de veiller à ce que les décisions stratégiques de l’entreprise correspondent aux intérêts nationaux », assure Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon dans un communiqué de presse publié le 29 août dernier.
À la suite de l’annonce, la plupart des salariés ont immédiatement annoncé se mettre en grève et ont même menacé de « perturber » le fonctionnement de l’écurie. Beaucoup ont exprimé leur déception de voir 50 ans de savoir-faire technique et sportif mis de côté si facilement, sans penser à l’image et au prestige que dégage l’implication en Formule 1.
« Cette menace de ne plus être présents sur la saison 2026 est très mal vécue, d’autant plus que le nouveau moteur F1 pour la réglementation de 2026 passait aux bancs d’essais avec des résultats prometteurs », affirme Karine Debreucq, déléguée syndicale CGT au micro de BFM TV.
Face à la situation, les salariés n’ont pas caché leur mécontentement, lançant le mouvement #ViryOnTrack sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation inédite s’est notamment manifesté lors du Grand Prix d’Italie où des employés ont brandit une pancarte dans les tribunes de Monza, en soutien au maintien du moteur Renault sur le site de Viry-Châtillon. Manifestation également partagée par leurs collègues qui ont accroché un brassard noir sur leurs combinaisons tout au long du weekend, dans le garage de l’écurie.
Le 29 août dernier, de nombreux salariés et élus essonniens se sont réunis pour soutenir le mouvement initié par les 334 salariés. Depuis, le mouvement ne cesse de grossir sur les réseaux sociaux, le compte Instagram @ViryOnTrack comptant près de 1500 abonnés !