Après deux premiers matchs de poule ponctués par des victoires maîtrisées face au Paraguay (2-1) puis au Costa Rica (3-0), les joueurs au maillot amarillo affrontaient le Brésil lors de la dernière journée pour la première place du groupe D. Les hispanophones partagent les points avec la Seleção (1-1) puis disposent ensuite largement du Panama (5-0) en quart de finale. Dans le dernier carré, les coéquipiers de Jefferson Lerma s’offrent un succès crucial face à l’Uruguay (1-0) grâce à un but de la tête de ce dernier. La finale les oppose à l’Albiceleste de Lionel Scaloni, qui apparaît prenable pour une fois, mais les Colombiens cèdent en prolongation sur un but de Lautaro Martinez (0-1) et disent adieu au rêve d’un deuxième sacre continental.
Des Colombiens à la sauce argentine
“Parmi les deux finalistes, l’un entre dans l’histoire et l’autre débute la sienne”. Voici les mots du technicien de la Colombie, Néstor Lorenzo, suite au coup de sifflet final de la rencontre qui a vu l’Argentine remporter sa seizième Copa America, dans la nuit de dimanche à lundi. L’entraîneur des Cafeteros, arrivé en juin 2022 à la tête de la sélection sud-américaine, s’est montré confiant sur l’avenir de son équipe, que lui-même a su remettre sur de bons rails.
L’ancien assistant de José Pekerman, qui a vécu avec son partenaire argentin les mondiaux de 2014 et 2018 sur le banc de l’équipe colombienne, est un fin connaisseur du football en Amérique latine. Avant d’arriver à la tête d’une sélection, il a dirigé le club du FBC Melgar au Pérou, un passage remarqué qui lui a valu d’être appelée par Ramón Jesurún, président de la Fédération de football colombienne, pour reprendre les rênes d’un sport national dans un pays qui perdait petit à petit espoir en ses joueurs.
Il a fallu peu de temps avant que les premiers résultats ne se fassent ressentir. La jeunesse, couplée au savoir-faire des patrons de cette équipe, a permis aux hommes de Néstor Lorenzo de relancer la machine et d’aller décrocher des victoires de prestige, notamment sur le Vieux Continent. Nos amis Allemands et Espagnols en ont fait les frais et ont permis aux coéquipiers de Luis Diaz de mettre en marche leur collectif en prévision de la Copa America aux Etats-Unis.
James n’a pas d’homonyme
Parmi les quelque 1000 citoyens colombiens qui se dénomment James Rodriguez, selon Forbes Colombia, seul un a réussi à ramener au pays caribéen le titre de meilleur joueur de la Copa America 2024. Il a 33 ans mais en fait dix de moins, aidé par un physique toujours intact. Le milieu de São Paulo, au Brésil, a retrouvé un niveau de jeu spectaculaire. Une renaissance qui continue d’alimenter les débats le positionnant comme le meilleur joueur que la Colombie n’est jamais connue.
« Cela fait très mal. Nous nous sommes battus jusqu’au bout, je suis fier de mes coéquipiers. Merci la Colombie ! », confie le capitaine de la sélection au terme d’une rencontre où lui et ses coéquipiers se sont procurés de nombreuses occasions (19 tirs) sans pour autant être efficaces (4 tirs cadrés). James a délivré la moitié des passes décisives de son équipe sur les 12 buts inscrits durant le tournoi, faisant de lui le meilleur passeur de la Copa America 2024.
Malgré un passé à succès en Europe, le milieu offensif a connu des passages compliqués, d’abord à Everton, sous les ordres de Carlos Ancelotti, puis à Al-Rayyan au Qatar et enfin à l’Olympiakos en Grèce. Le natif de Cúcuta a choisi de revenir en Amérique du Sud où il a évolué cette saison sous les couleurs du São Paulo FC, entraîné par un autre argentin, Luis Zubeldía, ce qui lui a permis de relancer sa carrière et d’arriver préparé pour les échéances internationales. Sa non-sélection à la Copa America 2021 au Brésil a ajouté une motivation supplémentaire pour revenir à un niveau de jeu qui fait de lui la star qu’il était quand le grand public l’a découvert au FC Porto en 2010. James Rodriguez a mis tout le monde d’accord, les défenseurs sud-américains n’ont qu’à bien se tenir.
Les yeux fixés sur 2026
Vous l’avez obligatoirement déjà entendu. Une musique reggaeton adoptée par tout un peuple et reprise sans cesse pendant la compétition. “Une avalanche dans les tribunes et la Sele sur le terrain”, chante Ryan Castro, un des interprètes du son “El Ritmo Que Nos Une”, un équivalent du chant de Vegedream après le titre des Bleus en 2018, mais avec un rythme et une mélodie que seuls les Colombiens peuvent si bien réaliser.
Ce succès musical a ravivé l’intérêt de la nation colombienne pour la Tricolor et en prévision de la Coupe du monde 2026 en Amérique du Nord, cet engouement poussera les hommes de Néstor Lorenzo à poursuivre leur incroyable lancée. Leur série de 28 matchs sans défaite a beau avoir été stoppée, la dynamique, elle, sera en faveur des Cafeteros, qui reprendront la compétition dès le 5 septembre pour un match des éliminatoires du mondial sur le sol péruvien.
Jusqu’aux plus hautes instances du pays, la sélection a réussi à transmettre des émotions. “Le pays de la beauté est en train de prouver qu’il possède l’un des plus beaux footballs du monde et qu’il se développera dans les triomphes à venir”, a souligné le président de la République de Colombie, Gustavo Petro, sur le jeu que produisaient les joueurs de son pays. Il est donc certains que James Rodriguez et sa bande tenteront de dépasser les quarts de finale, le plus haut stade jamais atteint par la Colombie en Coupe du monde, lors du rendez-vous fixé en 2026, aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Espérons simplement qu’ils ne transmettent pas la fièvre jaune à leurs adversaires pendant les éliminatoires de la zone sud-américaine…
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