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Les Poupées persanes et le mythe de Bijan et Manijeh

Récompensé par 2 Molières, la pièce Les Poupées persanes d’Aïda Asgharzadeh rencontre un franc succès. Au sein du récit, les personnages de Bijan et Manijeh font référence à un mythe persan assez méconnu en France. Retour sur cette légende…

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Les Poupées persanes pièce de théâtre
Affiche du spectacle Les Poupées persanes

Une pièce à 2 étages

L’Iran des années 1970 et Avoriaz fin décembre 1999. Voilà un aller-retour qu’on ne pensait pas faire. Pourtant, cette pièce nous emmène dans ces 2 ambiances et ne cesse plus les va-et-vient. Ainsi nous passons d’une famille partie au ski pour le passage à l’an 2000 à une bande d’amis iraniens dans le Téhéran des années 70. Des vacances à la répression, la pièce allie parfaitement profondeur et légèreté. En Iran, le contexte politique plonge les camarades Bijan et Manoucher dans de grands débats et des ambitions différentes pour l’avenir qui se dessine. Manoucher prépare la révolution tandis que Bijan rencontre Manijeh. Nous voilà alors au cœur d’une histoire d’amour tragique pour un couple dont les noms ne sont pas étrangers aux contes persans.

Les comédiens Sylvain Mossot, Juliette Delacroix, Toufan Manoutcheri et Aïda Asgharzadeh dans Les Poupées persanes (François Fonty)

L’histoire de Shânâmeh

En effet, Bijan et Manijeh est un couple célèbre tiré du long poème Shânâmeh de Ferdowsi. Rédigé vers la fin du Xème siècle, celui-ci est composé de 100 000 vers. C’est le plus long poème épique jamais rédigé par un seul auteur. L’essence de cette œuvre est de raconter l’histoire de l’Empire Perse et les mythes qui l’ont façonné. L’œuvre est considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre perses et a grandement influencé la culture iranienne. Shânâmeh est reconnu dans de nombreux pays de l’ancien Empire Perse et chez ses voisins. 

À l’intérieur, l’histoire d’amour de Bijan et Manijeh représente une véritable tragédie. Bijan était le fils de Banu Goshasp, célèbre héroïne et Giv, un grand soldat iranien. Bijan est pris d’amour pour Manijeh, fille d’Afrasiab, principal antagoniste de Shânâmeh et roi de Turan, plus grand ennemi de l’Iran.

Parchemin représentant l’histoire de Bijan et Manijeh dans Shânâmeh.

Le mythe de Bijan et Manijeh

Après que Bijan se soit introduit dans les jardins du palais, Manijeh en tombe également amoureuse. Mais elle sait que son père n’accepterait pas un soldat iranien dans sa maison. Alors elle donne une potion de sommeil à Bijan afin de le faire rentrer et de le cacher avec l’aide de ses servantes. Apprenant la nouvelle, le roi Afrasiab condamne sa fille à l’exil et les deux amoureux partent en cavale dans l’espoir de rejoindre l’Iran. Aidé par le héros perse Rostam, ils retrouvent les terres natales de Bijan. Furieux de la trahison de sa fille, Afrasiab déclare la guerre à l’Iran. Il est défait mais ramène avec lui sa fille et la honte qu’il est obligé de subir. Malgré leurs efforts et leur amour, Bijan et Manijeh finissent par être séparés entre deux ennemis qui ne chercheront jamais la paix.

Dans la pièce d’Aïda Asgharzadeh, Bijan et Manijeh sont également contraints de vivre cachés et même séparés par les évènements qui secouent l’Iran lors de la révolution islamique qui voit l’ayatollah Khomeini prendre le pouvoir le 11 février 1979, marquant la fin de l’Empire d’Iran. Malgré l’histoire d’amour, véritablement tragique, la pièce Les Poupées persanes réussit à apporter de nombreuses autres émotions. Mélangeant parfaitement les registres et portée par six excellents comédiens, c’est une pièce à aller voir absolument.

Illustration de Rostam délivrant Bijam

Les Poupées Persanes toujours en tournée

Aux Molières 2023, la pièce était repartie avec deux statuettes :

  • Molière de l’Autrice francophone vivante pour Aïda Asgharzadeh
  • Molière du comédien dans un second rôle pour Kamel Isker

Bonne nouvelle pour celles et ceux qui souhaiteraient aller voir la pièce : en 2024, elle est encore jouée ! Le spectacle est actuellement en tournée dans toute la France. Il reviendra à Paris et plantera son décor au théâtre de la Pépinière du 16 mai au 13 juillet.

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