Des polémiques ont éclaté autour de la mairie de Paris depuis quelques temps, à propos des Jeux qui suscitent de nombreuses inquiétudes. Avec le blocage de la Seine durant le mois de juillet, entraînant des pertes agricoles estimées à 500 millions d’euros ; une Tour Eiffel à bout de souffle qui souffre d’un important manque d’entretien, ou encore des grèves qui risquent de se mettre en place cet été. La venue de ces Jeux historiques pose de nombreuses questions d’organisation.
Un déplacement dans le Pacifique assez flou
Ces polémiques se sont multipliées dès la rentrée 2023, notamment avec le voyage du 16 au 22 octobre en Polynésie d’Anne Hidalgo, supposée être en mission officielle d’inspection des installations destinées à accueillir les épreuves de surf à Teahupoo. Mais la maire de Paris, n’est finalement rentrée en métropole que le 5 novembre.
D’autant plus que celui-ci s’est effectué sans la ministre des sports polynésienne Nahema Temarii, puisqu’elle était à Paris au même moment. De même, Anne Hidalgo ne se serait pas rendue aux visites d’inspections, laissant à ses collaborateurs le soin de le faire (Source : Le Parisien). La vérité sur cette histoire ne s’est pas faite tarder, puisque les élus de la majorité municipale ont fini par déclarer que la Maire a emprunté un avion des lignes intérieures tahitiennes pour rendre visite à sa fille qui réside en Polynésie (Source : Front Populaire).
La Commission de déontologie de la ville de Paris, dont Anne Hidalgo a nommé tous les membres, s’est alors empressée de justifier ce scandale, pour tenter d’éteindre cet incendie qui n’a pas mis longtemps à se propager dans la presse et sur les réseaux sociaux. En rappelant que ce voyage est en « lien direct avec les intérêts de la Ville de Paris ». Cette dernière qui n’aurait pas « subi de préjudice puisque la maire de Paris a réalisé un déplacement à titre professionnel en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie financé par la collectivité parisienne du 16 au 21 octobre 2023 matin ainsi qu’un voyage à titre privé du 21 octobre après-midi au 5 novembre 2023 pris en charge sur ses deniers personnels ».
Également, Anne Hidalgo s’est expliquée elle-même sur le plateau de Quotidien en affirmant que les Jeux Olympiques ne sont en péril qu’à cause de « deux choses sur lesquelles on ne va pas être prêt ». A savoir « les transports » et « la mise à l’abri des personnes sans domicile ». L’association AC Corruption a même porté plainte contre X pour détournement de fonds publics.
Récemment, la mairie de Paris a fait l’objet d’une perquisition en raison de cette affaire, des suites d’une enquête ouverte par le Parquet national financier pour “prise illégale d’intérêts” et “détournement de fonds publics”. Ce déplacement à 60 000 euros n’en finit donc plus d’attirer les soupçons, au point de se conclure ce mardi 5 mars par une perquisition dans la mairie de la capitale et de ses annexes (Source : Le Figaro).
Un travail d’équipe difficile
Le ministre des transports Clément Beaune s’est alors empressé de se saisir de l’affaire, en qualifiant d’« honteux » les propos de la maire. Amélie Oudéa-Castéra, à l’époque ministre des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, a elle aussi réagi, évoquant une séquence « navrante ». La ministre a même affirmé que « s’il faut livrer des Jeux sans elle, et s’il faut les livrer malgré elle, on le fera » (Source : Sud Ouest).
L’ambiance qui s’émane de la préparation de ces Jeux ne semble alors pas être très rassurante à six mois de l’échéance. Anne Hidalgo serait aussi responsable des problèmes de transports selon la présidente de la région Valérie Pécresse. Celle-ci l’appelle à résoudre « le problème des embouteillages dans Paris pour permettre la circulation des bus ».
De plus, ces deux ministres ont rappelé l’absentéisme de la maire au sein des diverses instances organisatrices de l’événement. Beaucoup d’élus s’accordent alors à accuser la maire de Paris d’avoir brisé l’union sacrée établie entre les diverses forces politiques qui entouraient ces Jeux.
De nombreuses sources révèlent par ailleurs que, fin novembre dernier, la maire de Paris est arrivée avec une demi-heure de retard au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques, alors même que la date de la réunion fut déplacée pour convenir à son emploi du temps. Et au moment même où Amélie Oudéa-Castéra s’apprête à répondre aux attaques de la maire de Paris, celle-ci se lève et quitte la réunion en raison d’un mariage qui l’attend (Le JDD).
50 000 places pour les Parisiens ?
De même, l’argent reste au cœur des polémiques pour la mairie de Paris. Laquelle n’hésite pas à débourser près d’un million d’euro pour affubler son hôtel de ville aux couleurs des Jeux Olympiques. Inauguré le 28 novembre, le bâtiment « démonstrateur de la façon dont la Ville s’est engagée dans les Jeux », tel que l’affirme le responsable des festivités parisiennes et du relais de la flamme olympique Pierre Saint-Gal, est au cœur d’une polémique justifiée par son prix. Les élus du groupe d’opposition Changer Paris s’offusquent de celui-ci, en rappelant les 10 milliards d’euro de dettes sous lesquels coule déjà la capitale.
Ces dettes importantes ont par ailleurs conduit 3 associations, l’Union parisienne, Rouler libre et le comité Marais Paris, a réclamer les frais de mandat de la maire socialiste. Des notes de frais qui ont déjà été réclamées en 2017, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution des Jeux Olympiques.
Anne Hidalgo macule ainsi profondément ces Jeux olympiques de polémiques. L’élue socialiste s’est enfin fait reprocher par une partie de la droite l’inégale répartition des billets aux parisiens. En effet, la mairie a acheté 50 000 places pour les attribuer aux quartiers les plus isolés. Si la démarche paraît louable pour certains, d’autres critiquent l’oubli total de certains arrondissements. Les VIe, VIIe et VIIIe arrondissements n’ont en effet rien touché, quand plus de la moitié de la somme a été distribuée aux XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements (Source : l’Opinion).
CS interview de Grégoire de Lasteyrie, vice-président de Ile de France Mobilités.
Au vu de ces multiples craintes et polémiques, Cs Actu a tenu à demander au vice-président d’Ile-de-France Mobilités, Grégoire de Lasteyrie, son avis sur les futures conditions de transport.
Les transports seront l’un des éléments largement sollicités durant les Jeux Olympiques. Leur offre augmentera alors de 15%, entraînant un coût supplémentaire de 200 millions d’euros. Dès lors, Mr de Lasteyrie précise que 3 possibilités se présentaient : ne pas faire ces 200 millions d’euros supplémentaires, chose “impensable” à ses yeux ; les faire payer aux Franciliens avec une hausse spécifique du pass navigo pour l’année 2024, entraînant une augmentation mensuelle de 7 euros du pass ; ou bien avoir une tarification spécifique qui ne touche pas les utilisateurs habituels, Franciliens et donc uniquement les touristes venus pour les Jeux Olympiques et Paralympiques. .
Grégoire de Lasteyrie se réjouit du choix fait par le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) de ne pas faire peser le poids économique de cette pression sur les franciliens. Il affirme que cette tarification est, par rapport aux standards internationaux, “attractive” et “dégressive” (16 euros pour la journée et 70 euros pour la semaine). “Si on regarde la comparaison avec Londres, le pass quotidien y coûte 23 euros”.
“Ca nous paraît être une mesure d’équité et de justice”
“C’est dématérialisé, c’est simple” ajoute-t-il. Et cela offre à ses yeux plusieurs possibilités aux franciliens :
“soit ils ont un abonnement à IDF Mobilités (mensuel, imagine’ r, annuel, pass liberté…) et dans ce cas-là rien ne change en terme de prix ; soit ils utilisent des tickets de métro à l’unité car ils ne sont pas des usagers quotidiens, alors dans ce cas on les engage à acheter leurs tickets de métro à l’avance. C’est pour cela qu’on a entamé les communications dès le début de l’année.”
De plus, le vice-président d’Ile-de-France Mobilités rappelle une préparation “sereine” de l’événement par rapport à la ponctualité des transports.
“On demande à la RATP d’avoir un plan d’action volontaire fort pour pouvoir assurer la régularité au quotidien pendant les JO. Cela fait partie du contrat qui nous lie à la RATP qui est indexé pour que quand une ligne n’obtient pas ses objectifs de régularité il y a des pénalités financières que la RATP doit nous verser. On lui demande un plan de maintenance préventive, des recrutements, de s’assurer de toute une série de mesures pour éviter ces retards.”
Monsieur de Lasteyrie évoque enfin les nombreux départs en vacances des Franciliens au moment des Jeux Olympiques, et un trafic différent qu’en période scolaire avec des heures de pointe le matin et le soir. “Le principe des épreuves olympiques est qu’elles s’étalent sur toute la journée. Donc on aura probablement des pics moins forts mais une charge plus constante durant la journée”. De même, le lieu des épreuves ne sera pas forcément le lieu des actifs, permettant de mieux répartir les zones d’affluence dans les stations.
Également, afin d’acheminer dans les meilleures conditions possibles tous les touristes, les trajets qu’il leur seront conseillés ne seront pas forcément ceux qui peuvent sembler les plus rapides.
“On pourra proposer des stations qui peuvent être un peu plus loin que celles que les franciliens ont l’habitude de prendre. Justement pour pouvoir gérer les flux piétons conséquents”.