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La balle au tambourin, un sport traditionnel qui résonne au-delà des frontières

Découvrez le tambourin, un sport traditionnel héraultais peu médiatisé mais qui semble peu à peu se démocratiser. Des caractéristiques aux origines en passant par les objectifs de cette pratique, zoom sur un sport où nos français excellent particulièrement.

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La France est championne du monde ! Pour beaucoup, vous l’avez crié, chanté pour la dernière fois un soir de 15 juillet 2018 quand l’Équipe de France de football soulevait le deuxième trophée de son histoire. Cependant, le 5 février dernier, l’équipe de France de balle au tambourin en salle réalisait le même exploit en battant l’Italie 13 jeux à 10 à Milan. Une performance égale à celle d’Hugo Lloris et consorts, mais une médiatisation beaucoup moins importante, cet événement retentissant étant uniquement couvert par la presse locale.

Un sport à enjeu identitaire profond

A la croisée du padel et du tennis, le jeu de balle au tambourin ou balle au tambourin est un sport collectif se jouant tout d’abord en extérieur, puis en salle à partir des années 1980. Inspirés par « le jeu de ballon avec brassard », sorti tout droit du Languedoc, c’est en 1861 que des tonneliers de Mèze, au bord de l’étang de Thau dans l’Hérault, fabriquent les premiers tambourins dans le but de renvoyer le ballon plus facilement qu’avec un brassard étant donné la solidité de celui-ci, façonné avec un mélange de vinaigre et de blanc d’œuf qui coagulait, le rendant ainsi très dur. Les joueurs de brassard délaissent rapidement leur ancien instrument au profit du tambourin qui permet de renvoyer le ballon plus loin. Ce nouvel outil est constitué de peau de chèvre tendue et d’un cercle en bois, le ballon trop dur va ensuite laisser place à une balle en caoutchouc de 65 cm de diamètre.

C’est au Languedoc et dans l’Hérault que l’on pratique le plus le jeu de balle au tambourin, des années 1860 à l’aube du 20e siècle c’est un sport très populaire dans les fêtes de villages, il crée un sentiment d’appartenance pour les pratiquants. En effet, il ne s’agit plus de simplement se faire plaisir, c’est autour de ce sport qu’apparaissent des rivalités intercommunales. Apparaissant aujourd’hui comme un patrimoine régional de l’Hérault, le tambourin va traverser les époques, et se transmettre de génération en génération en témoigne de Boris Pontier, ancien joueur au niveau national, aujourd’hui fabriquant pour la fédération française du jeu de balle au tambourin (FFJBT) à Gignac dans l’Hérault, « mon grand-père jouait dans les années 1940 où tout était différent, mais la passion reste la même, c’est un héritage ». Tout n’était pas semblable à l’époque puisque même le tambourin a évolué, le cercle en bois devenant plastique, la peau de chèvre a laissé place à un alliage de synthétique et de nylon à partir des années 1970-1980 selon le site de la FFJBT.

Le tambourin, accessoire qui fait office de raquette. Crédits : FFJBT

Une pratique qui évolue au fil du temps

Comme disait Lavoisier « rien ne se perd, tout se transforme », la balle au tambourin n’a cessé d’évoluer et de se démocratiser. En extérieur, dans un terrain de 80m de long pour 18 de large, deux équipes de cinq joueurs s’affrontent et le but est de renvoyer une balle à l’aide d’un tambourin. La composition d’équipe est un peu particulière. Au fond du terrain, deux joueurs sont chargés de faire durer l’échange mais aussi de forcer l’adversaire à jouer plus court en frappant la balle le plus fort possible de sorte à l’envoyer bien au fond du terrain adverse. Au centre, une seule personne qu’on nomme le tiers, dont l’objectif est d’accélérer le jeu et donc de pousser l’autre équipe à commettre des erreurs. Enfin, les derniers joueurs sont positionnés à l’avant à la limite de la ligne médiane qui fait office de filet. Aussi appelés cordiers, leur rôle est de finir le point à l’instar des joueurs de filet au tennis. C’est un sport assez proche de celui de Federer et compagnie, notamment au niveau du système de comptage (15,30, 45), le match se joue en treize jeux gagnants.

Peu à peu, une nouvelle variante en salle fait son apparition, le tambourin a trois. Les règles restent semblables, ce qui change c’est la position des joueurs qui sont alignés avec le serveur un peu plus en retrait et la fluidité des échanges devenus plus rapides, le terrain étant plus étroit, 34 m de long sur 16 de large.

Le Tambourin va peu à peu s’ouvrir au pays puis au monde, le premier championnat de France ayant lieu en 1952, voit la victoire d’Usclas-d’Hérault. Cette dimension internationale débute dans les années 1950, par le fait que la France et l’Italie se disputent l’invention de ce sport, les transalpins revendiquant son origine dès l’Antiquité avec ce qu’ils appellent la palla tamburello. Cette rivalité se traduit par la première rencontre internationale officielle entre les deux pays en 1955 qui adoptent à présent les règles italiennes, à l’initiative de l’écrivain héraultais Max Rouquette qui a souhaité créer une entente entre les deux États précurseurs de ce sport. Pour renforcer cette rivalité, naît une coupe d’Europe des clubs champions, l’équivalent approximatif de la ligue des champions en football, à la différence près que ce tournoi créé en 1996 ne réunit que 4 équipes : les champions et vice-champions des championnats nationaux de France et d’Italie, la Squadra Azzura remportant la plupart de ces compétitions.

Ensuite, c’est au niveau mondial que ce sport va s’étendre avec la coupe du monde de balle au tambourin, dont la première édition en extérieur organisée en 2012 à Gignac dans l’Hérault porte bonheur aux bleus qui remportent la compétition masculine et féminine. En salle, c’est l’année suivante que la compétition voit le jour avec la victoire de l’Italie. Ces tournois ont lieu tous les quatre ans et réunissent jusqu’à 10 nations, preuve que le sport a dépassé les frontières avec la participation du Brésil et du Bénin par exemple, équipes dont le développement est récent, mais encourageant.

Croquis d’un match extérieur de jeu de balle au tambourin crédit photo : Yakamédia

Des ambitions diverses en contresens

Aujourd’hui ce sport compte environ 2000 licenciés selon Florian Amet, capitaine de l’Équipe de France en salle sur BFMTV en février 2023, ce qui pousse la fédération à changer de stratégie. Deux visions s’imposent : étendre ce sport au monde entier ou bien au contraire revenir aux racines locales. Après beaucoup d’années au haut niveau, Boris Pontier a pu observer une mauvaise mentalité chez les joueurs qui deviennent plus égoïstes et ne gagnent plus que pour eux-mêmes alors que le tambourin prône des valeurs d’entraide. Pour lui, c’est depuis que l’argent est entré en jeu que les valeurs de ce sport sont bafouées. Les meilleurs joueurs ne restent pas fidèles à leur village et des transferts sont de plus en plus fréquents. Boris est partisan d’un retour aux sources : on n’est pas obligé de faire connaître ce sport à la compétition, s’il a été créé c’est pour renforcer une identité régionale alors pourquoi changer ?”. 

Cette question se pose de plus en plus au sein des régions mères du tambourin, et ce n’est pas à un moment anodin puisque ce sport connaît une expansion fulgurante que ce soit en termes de compétitions mais aussi de logistique. Par exemple, selon Boris Pontier, un site permettant de voir le résultat d’un match en temps réel est en préparation, ce qui augmenterait encore plus la visibilité de ce sport. Si nous allons voir la situation chez nos voisins transalpins, la médiatisation de son équivalent, la palla tamburello est beaucoup plus importante. En effet contrairement en France où le quotidien régional Midi Libre couvre le sport, en Italie c’est tout autre chose, car le tambourin fait l’objet assez fréquemment de diffusions en direct à la télévision. L’Équipe 21 qui diffuse déjà bon nombre de sports excentriques comme le bûcheronnage sportif pourrait bien laisser une place à la balle au tambourin. Alors, verra-t-on une explosion du tambourin dans les années à venir ou bien un retour aux racines traditionnelles de ce sport ? L’avenir nous le dira.

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