Plus d’avions, moins de carbone ?
Alors que les différents auteurs du GIEC soutiennent des mobilités plus « douces » que l’avion pour se déplacer, les compagnies aériennes Airbus et Boeing prédisent un doublement du nombre d’avions en circulation d’ici à 2050. Et avec ce plan d’investissement, Emmanuel Macron souhaite encourager ce secteur. L’objectif est de faire de la France la « championne de l’aviation ultra sobre ».
Son plan se découpe en deux parties. Tout d’abord 300 millions d’euros par an seront investis dans la recherche aéronautique. Notamment, cet argent sera investi dans la création de moteurs fonctionnant à 100% avec du biocarburant ou à hydrogène. C’est le cas du projet Rise, développé par SAFRAN. Le Président a aussi mentionné la recherche « d’alternative au titane ». C’est un matériau crucial à la production des moteurs et dont la provenance était essentiellement russe.
Dans un deuxième temps, 200 millions d’euros seront investis dans la recherche pour le développement des SAFs. Ce sont les carburants durables d’aviation. L’objectif premier est d’utiliser ce carburant à hauteur de 6% du combustible utilisée dans les avions français à horizon 2035.
Un secteur très émissif
Le secteur de l’aviation émet environ 3% des gaz à effet de serre mondiaux. Si cela peut paraître minime face aux transports routiers qui rejettent environ 20% des émissions totales mondiales, il reste un levier de décarbonation crucial.
L’aviation est aussi un facteur d’injustice climatique et sociale. Un aller-retour Paris – New-York représente environ 2 tonnes de Co2eq par passager. Cela est l’équivalent de ce que devrait émettre chaque personne par an. Tout en se basant sur l’objectif de température de +1.5°C à horizon 2100. De plus, les 1% les plus riches émettraient 50% des émissions liées au secteur aérien.
La technologie comme solution
L’approche technosolutionniste du gouvernement semble alors hors-sol. L’urgence du changement climatique doit faire agir dès maintenant. C’est d’ailleurs ce que proclament plus de 11 000 scientifiques en signant un rapport sur l’urgence climatique écrit par l’équipe de William Ripple, chercheur dans l’Oregon. Il n’est plus temps d’attendre une solution technologique miraculeuse.
Et même si nous avions le temps d’attendre un avion « vert » comme l’avion à hydrogène, celui-ci ne serait pas vraiment sobre en carbone. Aujourd’hui, 95% de l’hydrogène est produit à partir de combustibles fossiles. Un avion à hydrogène polluerait alors 95% du temps autant qu’un avion volant au kérosène si l’on ne change pas nos méthodes de production. (IFP – Energies nouvelles)
Les carburants durables quant à eux, émettent peut-être moins de Co2 équivalent à la production mais en émettent tout autant que le kérosène à la combustion, peut-on vraiment alors compter sur cette solution? (AirFrance)
Le chemin vers la sobriété
La solution la plus simple et la plus efficace serait alors de tendre vers une réduction du nombre de vols aériens. En particulier ceux pouvant être effectués par voie ferroviaire ou par d’autre moyens moins émissifs.
Certaines mesures qui peuvent accompagner ce chemin vers la sobriété sont mises en avant. Par exemple, l’aéroport d’Amsterdam tente de réduire ses créneaux de décollage à certains horaires. De nombreux militants proposent également d’instaurer une taxe sur le kérosène. D’autres encore, comme J-M. Jancovici, le Président du cabinet de conseil The Shift Project, mentionne l’idée d’un « quota de vols » limités à effectuer au cours de sa vie.
Ainsi, si l’on souhaite être au « rendez-vous de la décarbonation » comme le dit Emmanuel Macron, la solution n’est peut-être pas de produire et innover toujours plus. Mais de ralentir la cadence et de tendre vers une société plus sobre. Cela commence par la fin de l’abondance aérienne.