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Elections européennes, quelle stratégie pour la gauche ?

Les prochaines élections européennes auront lieu du 6 au 9 juin 2024, a annoncé la présidence suédoise du Conseil de l'UE. Au total, plus de 400 millions d'Européens seront appelés aux urnes dans les 27 pays de l'Union.

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Discours de Jean-Luc Mélenchon à la convention de la Nupes, le 7 mai 2022 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). JULIEN DE ROSA / AFP
(FILES) French leftist movement La France Insoumise's (LFI) leader and three times presidential candidate Jean-Luc Melenchon stands after delivering a speech next to French ecologist party Europe Ecologie les Verts (EELV) national secretary Julien Bayou (2L), LFI MP Eric Coquerel (5L), LFI general coordinator Adrien Quatennens (7L), LFI MP's Clementine Autain (C-L), LFI MP's Daniele Obono (C-R), Jean-Luc Melenchon's former communication advisor Sophia Chikirou (8R), LFI MP Mathilde Panot (8R), LFI general secretary Clemence Guette (7R), French Socialist Party (PS) first secretary Olivier Faure (5R) and LFI European MP Manon Aubry (3R) during the inauguration convention of the members of the Nouvelle Union populaire ecologique et sociale (Nupes) "New People's Ecologist and Social Union", a left-wing political coalition, in Aubervilliers, northern Paris, on May 7, 2022. The French left-wing coalition NUPES (New People's Ecologic and Social Union) will celebrate its first anniversary on May 4, 2023. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

Union ou dispersion de la gauche : un élément clef du scrutin.

Le week-end du 13 mai, deux sondages, l’un de l’IFOP commandé par Le Journal du dimanche, l’autre mené par l’institut Harris pour le compte du parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV), ont nourri les tensions, en parvenant à une conclusion similaire : le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), EELV et LFI feraient un score moins important unis sous la seule bannière Nupes, que séparément.

La configuration de la gauche aux prochaines élections européennes pourrait avoir un impact significatif sur le résultat du vote. Si la gauche se présentait de manière dispersée, elle recueillerait au total 35% des intentions de vote (soit plus que l’union, 26%). Au-delà du résultat, cette étude révèle une fragmentation et un manque de leadership entre les partis de l’alliance Nupes, ce qui peut être dissuasif pour certains électeurs de gauche. En effet, aucun parti politique n’est en tête puisque le Parti socialiste, Europe Ecologie Les Verts et La France Insoumise obtiendraient tous 10% des intentions de vote. Dans le détail, LFI ferait certes mieux qu’en 2019 mais ne parvient pas à retrouver la dynamique de la présidentielle. Quant au parti écologiste, pour qui les élections européennes sont généralement synonymes de bons résultats, son score apparaît en deçà des attentes avec 10% des intentions de vote, contre 13,5% en 2019.

« La Nupes, elle travaille, elle va se réunir au sommet », a déclaré M. Jean-Luc Mélenchon. « On va commencer la phase 2 de l’existence de cette alliance, de cette convergence, de ce front qu’est la Nupes ». L’ancien candidat à la présidentielle a dit « espérer » que les partenaires « continuent à discuter de manière qu’aux prochaines élections européennes la Nupes confirme qu’elle existe, et qu’elle pourra ensuite passer aux autres étapes ». Il faut qu’elle « puisse arriver en tête de toutes les listes de manière à ce qu’on voie de quel côté le pays veut aller », a-t-il insisté.

Les Ecologistes sont en revanche beaucoup plus réservés sur la constitution d’une liste unique alors que le scrutin européen leur est traditionnellement favorable. Mme Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, y est pour l’heure plutôt opposée. Cependant, LFI souligne qu’au sein des Verts, la position de Marine Tondelier ne fait pas l’unanimité. La députée écoféministe Sandrine Rousseau a répété qu’elle était favorable à une alliance. Son collègue Julien Bayou, élu à Paris, n’y est plus formellement opposé. Même à Strasbourg, une eurodéputée écologiste de premier plan n’estime pas les gauches « irréconciliables ».

Le secrétaire général du PS, M. Pierre Jouvet, conseiller départemental de la Drôme et maire de Saint-Vallier, a annoncé dans le « Journal du Dimanche », que son parti proposerait un « débat » entre les différents partis de gauche, étalé de « la rentrée de septembre » à « début novembre », pour travailler à un « rassemblement » en vue des élections européennes de 2024.

Traduction d’un possible vote sanction qui se manifeste traditionnellement à l’occasion des scrutins intermédiaires, le parti lepéniste conserve la première place acquise en 2019 avec 25% à 26% d’intentions de vote. Le parti de Marine Le Pen reste fort dans les strates populaires, fragilisées par la baisse du pouvoir d’achat (50% d’intentions de vote chez les ouvriers, 35% chez les employés et 35% chez les moins diplômés).

Cependant au sein du parlement européen, le rassemblement national se trouve marginalisé dans le groupe Identité et Démocratie. Il serait pertinent dans la continuité de normalisation et banalisation du groupe de rejoindre la droite européenne.

Au sein du RN, on relativise le risque d’une alliance entre ECR (European Conservatives and Reformists) et la droite européenne (PPE), en soulignant de nombreuses incompatibilités, programmatiques et entre partis d’un même pays. Pour l’ex-président de la délégation RN au Parlement européen, Jérôme Rivière (qui a quitté le RN, puis Reconquête, et siège chez les non-inscrits), son ancien parti aurait intérêt à « tout faire pour intégrer ECR ». Une telle union aurait plusieurs prérequis. L’absence d’élus Reconquête ; une réconciliation avec Giorgia Meloni ; un rapprochement des positions atlantistes, déjà esquissé par Jordan Bardella ; et un polissage de son image à l’étranger, « où l’image du RN est encore celle de Jean-Marie Le Pen » , selon M. Rivière.

European Union flag
European Union flag

L’UE face aux populismes de droite et de gauche

Alors que plusieurs pays de l’UE ont vu l’extrême droite arriver récemment au pouvoir (Italie, Suède, Finlande), la question du vote populiste va être un gros enjeu du scrutin, selon Eric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman. « Le grand enseignement des élections de 2019, c’était la fragmentation accrue du Parlement européen, avec la baisse des grands partis traditionnels », a-t-il expliqué à l’AFP. « La grande question va être comment se maintiennent les quatre partis : le PPE, Socialistes et démocrates, Renew, Verts. Est-ce qu’ils vont maintenir leur niveau par rapport aux partis populistes ? ».

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