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Les déchets nucléaires en France

Etat des lieux des déchets induits par la production nucléaire française à l'heure où celle-ci refait surface dans le débat public.

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La France compte 19 centrales pour 58 réacteurs nucléaires © Maxppp - Pierre Fitou
La France compte 19 centrales pour 58 réacteurs nucléaires © Maxppp - Pierre Fitou

Depuis maintenant de nombreuses années, l’énergie vie au rythme des bouleversements. Les deux chocs pétroliers des années 70 font entrer le monde dans une période de crises successives. En 2008, s’ensuit une troisième crise, corrélée avec le pic de production du pétrole conventionnel. Plus récemment, avec une Russie qui fournissait en 2021 45 % des importations en gaz naturel de l’Europe. La guerre en Ukraine a rendu le marché du gaz européen instable. 

L’atome quant à lui commence à inquiéter les esprits en 1986 avec l’accident nucléaire majeur de la centrale de Tchernobyl. La catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 finira d’inscrire dans la mémoire que le nucléaire est à redouter. En France, d’après le site de RTE (Réseau de transport d’électricité), 71 % de notre production électrique était due au nucléaire ce mardi 7 mars 2023. De plus, c’est dans un contexte de crise écologique et donc dans un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 que le nucléaire refait son apparition sur le devant de la scène. Et avec lui ressurgit le sujet des déchets nucléaires engendrés. Si l’on veut se saisir des enjeux de l’énergie nucléaire, il est alors important de s’interroger sur ce que sont ces déchets. Mais également comment sont-ils traités.

Les déchets nucléaires

Tout d’abord, il est important de noter que tous les déchets radioactifs français ne proviennent pas des centrales nucléaires. D’après le site de l’ANDRA (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), environ 60.1 % des déchets radioactifs proviennent de celles-ci. La seconde part la plus importante (26.9%) étant due à la recherche.

Mais tous ces déchets ne sont pas aussi dangereux les uns que les autres. On les différencie selon deux critères principaux : leur niveau de radioactivité et leur durée de vie. En France, l’ANDRA les classe en 5 catégories du moins au plus dangereux : les déchets de très faible activité (TFA) dont le niveau d’activité est proche de la radioactivité naturelle, les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC), les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL), les déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL) et les déchets de haute activité (HA).

Les déchets les plus dangereux (HA & MA-VL) produisent à eux seuls 99.8 % de la radioactivité émise alors qu’ils ne représentent que 3.1 % du volume total des déchets qui est de 1 700 000 m3. Soit environ 189 fois le volume que pourrait contenir la pyramide du Louvre. Ils représentent essentiellement les résidus non-recyclables du combustible nucléaire et les structures au contact de ceux-ci au sein des réacteurs nucléaires. Ces déchets sont bien évidemment mortels lors d’exposition sans protection.

Retour historique

C’est en 1945 avec la création du CEA (Centre de l’énergie Atomique) par le Général de Gaulle, que les recherches sur le nucléaire civil se développent en France. La première centrale nucléaire française est érigée au milieu des années 50 à Marcoule. Entre 1967 et 1969, la problématique des premiers déchets radioactifs voit le jour. Et c’est dans la mer que de nombreux pays décident de stocker ces déchets nucléaires. La France enfouit ainsi plus de 14 000 tonnes de déchets nucléaires dans les fonds marins. Mais nuire à la vie marine au lieu de la vie terrestre n’est pas une solution idéale. Alors en 1969, un premier centre de recherche de stockages des déchets est créé dans la Manche.

10 ans plus tard, l’ANDRA est créée et permet une considération plus importante des déchets radioactifs. Se distingue alors le stockage de l’entreposage des déchets. L’entreposage étant simplement une solution temporaire quand le stockage est la solution finale. Dans l’Aube, deux centres de stockages de déchets radioactifs sont alors construits. Le premier en 1992 pour les déchets de FMA-VC et le second en 2003 pour les déchets TFA.

Jugé trop risqué, l’entreposage sécurisé des déchets les plus dangereux ne suffit plus. En 2006, la loi relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs permet le lancement du projet Cigéo. Ce projet vise à utiliser l’enfouissement géologique profond des déchets hautement dangereux à environ 500 mètres sous terre. Ils seraient alors protégés naturellement par l’argile et les différentes couches géologiques les entourant. Après des années de recherche, le dépôt de la demande de création s’est finalement effectué en 2022. Ce centre de stockage devrait entrer en service aux alentours de 2035 en Meuse/Haute-Marne et devrait fermer d’ici à 2150.

La gestion des déchets radioactifs

Dès leur production, les déchets radioactifs sont conditionnés dans des matériaux adaptés à leur dangerosité. Les déchets à vie courte (TFA & FMA-VC) sont stockés dans des cellules de béton et les déchets à vie longue (FA-VL, MA-VL & HA) sont vitrifiés. Ces premiers sont alors transportés dans les centres de stockage dans l’Aube. On entrepose les déchets à vie longue dans des entrepôts tels qu’à La Hague dans l’attente de l’aboutissement du projet Cigéo.

Dans ce monde effrayant de la déchetterie nucléaire, il existe cependant une part de développement durable. En effet, lorsqu’au bout de 4 ans le combustible nucléaire est considéré comme usé, en réalité 96% de celui-ci est encore recyclable une première fois. Ce serait d’ailleurs un tiers des réacteurs français qui fonctionneraient en partie grâce à ce combustible recyclé. Un deuxième recyclage n’est pour le moment pas assez intéressant en termes de rendement. Lorsque ces déchets sont usés de nouveau, on les considère tels des déchets « ultimes » et ils sont envoyés à l’entreposage.

Le projet Cigéo, qui se présente sous un aspect « réversible » dans l’idée de laisser un pouvoir d’action aux générations futures sur celui-ci, lance tout de même un débat. Ces déchets à vie longue qui demeurent actifs pendant des centaines voire des milliers d’années, ne sont-ils pas des poids trop lourds à porter pour les générations futures ? Peut-on réellement se permettre de « consommer » du nucléaire à outrance sachant l’impact de ces déchets radioactifs qui, pour certains, seront là bien après notre mort ?

Sources : EDF, Andra, Orano, CEA, RTE

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