Le journal étudiant CSactu ainsi que Joris Rollier souhaite remercier Cédric Pourprix qui a donné de son temps pour avoir répondu à toutes nos questions.
Vous avez éliminé l’Olympique de Marseille au Vélodrome. Quelles ont été les ressentis à la fin de ce match ?
» Heureux forcément ! C’est une performance qui marque l’histoire d’un club qui est presque centenaire. Après, c’est la magie de la Coupe de France, les petites équipes peuvent parfois réaliser des exploits et ça a été notre cas mercredi dernier. La Coupe de France reste un bonus qui vient s’ajouter aux belles années que vit le club en ce moment avec cette accession en national, puis en Ligue 2. «
Vous avez réussi à accéder à la Ligue 2 l’été dernier. Y a-t-il eu de gros changements économiques au sein du club ?
» Oui, en accédant au niveau professionnel, il y a beaucoup de changements qui s’opèrent du point de vu économique. Pour le club, le premier gros changement, c’est la perception des redevances audiovisuelles (Droits TV), qui représentent une manne financière importante. Cela nous oblige cependant à revoir nos infrastructures, notre staff administratif et forcément les joueurs, qui ne sont plus les mêmes.
En passant en Ligue 2, on entre dans une nouvelle sphère au niveau économique, avec également de gros changements administratifs.
Les Droits TV, ou droits d’exploitation audiovisuelle, donnent l’exclusivité de la diffusion des matchs. Ils appartiennent à la Ligue de football professionnel (LFP), qui les vend pour une période donnée. Les droits TV représentent un énorme avantage économique pour les clubs. Pour certains clubs de Ligue 1 par exemple, cela représente près de 75 % de leurs revenus. Une transition donc importante pour les clubs promus en Ligue 2 comme le FC Annecy, sachant qu’il n’y a pas de redevances TV en national.
Sur le point de vue administratif, vous avez dû revoir la physionomie du club ou la dynamique reste la même qu’en national ?
» En national, l’ensemble du projet du club, du point de vue administratif, était sous-traité à une agence. Les clubs, travaillent beaucoup avec des agences à ce niveau. On avait trois personnes qui œuvraient donc principalement sur les missions du FC Annecy. Des missions marketings, commercial, communications…
En accédant à la Ligue 2, le cahier des charges de la LFP nous impose des normes supplémentaires. On a l’obligations maintenant d’avoir un chef de la sécurité. Nous avons aussi des postes qui étaient obligatoires, mais pas forcément salariés. Il nous fallait une stadium manager, un référent pour les supporters…
Forcément, qui dit monter en Ligue 2, dit plus de monde dans le stade, et forcément plus de partenaires. Il faut savoir qu’en accédant au monde professionnel, le club a multiplié par 2,5 son budget, et donc forcément, on a besoin de plus de monde au sein de l’administration. Ce sont en gros 12 nouveaux postes qui ont été créés entre le passage en national et le passage en Ligue 2. «
Vous parliez justement des partenaires. Est-ce que cette ascension en Ligue 2 a attiré plus de sponsors ou de partenaires, ou cela n’a pas forcément changer avec la nationale ?
» Le FC Annecy a la chance depuis 2017, de pouvoir compter sur un réseau d’entreprises et de partenaires locaux, qui accompagnent le projet du club et qui lui ont permis de se développer. Avec la montée en Ligue 2, le club a une visibilité et une notoriété plus importante, et forcément d’autres partenaires ont voulu nous rejoindre. Ils y voient un intérêt de pouvoir communiquer à travers le club, rencontrer d’autres entreprises et forcément avoir une visibilité au niveau national ou plus.
Donc oui, on a beaucoup de partenaires qui nous ont rejoint cet été. On reste malgré tout aussi avec les partenaires qui nous suivent depuis 2017, mais par contre on souffre au niveau de nos infrastructures. Les soirs de matchs ont accueil nos partenaires dans un chapiteau qui a été construit cet été. Néanmoins, cela ne nous permet pas de répondre à toutes les demandes que nous avons pu avoir et c’est l’un des problèmes du club aujourd’hui. Il faut savoir que l’hospitalité est un point qui est au centre de notre projet. «
Vous êtes revenus sur le match de mercredi. Pour réaliser un tel exploit, il faut forcément un bon groupe. Est-ce que donc les transferts ont été quelque chose d’important cet été ?
» Pour cette première saison en Ligue 2, le club n’a pas la possibilité d’acheter des joueurs. Lors de notre passage à la DNCG et lors de notre passage à la commission, la DNCG a encadré notre masse salariale. Nous avons annoncé un budget pour construire l’équipe qui nous semblait pertinente pour mener à bien notre saison. C’est quelque chose de classique pour les promus. La DNCG a donc interdit que nous achetions des joueurs, puisque sur le budget, dans les éléments que nous lui avons présentés, on est partis du principe que l’on fonctionnerait qu’avec des joueurs libres. «
La DNCG, est la direction nationale du contrôle de gestion. C’est une commission indépendante hébergée par la LFP. Son rôle consiste à assurer la pérennité financière des clubs professionnels en Ligue 1 et en Ligue 2. Les Ligues semi-professionnelles ou amateurs sont eux aussi surveillées, mais par le biais de commissions fédérales ou régionales.
Avez-vous, malgré tout, cherché à faire monter des jeunes de l’académie en première équipe ?
» Pour la construction du groupe, c’est plus sur le plan sportif que cela se passe, avec le staff de l’équipe comme le coach par exemple. Et donc nous en national, on avait des joueurs qui étaient sous contrat fédéral, et qui courraient sur cette saison. Ses contrats ont été transformés en contrat professionnel puisqu’on faisait confiance à ses joueurs, ce sont eux qui nous ont permis de monter donc c’était important de continuer l’aventure avec eux. Après avec la montée, on se devait d’augmenter le niveau du groupe, avec des profils de joueurs spécifiques en fonction des postes qui manquaient. On recherchait des profils d’expérience, avec des caractères physiques spécifiques. On a recruté donc une dizaine de joueurs cet été. «
Nous avons également des jeunes du club, comme Zakaria Bengueddoudj ou Nathan Falconnier qui ont fait des apparitions en coupe de France et en championnat.
« On essaye donc de vraiment trouver cet équilibre entre les jeunes qui doivent venir alimenter le groupe à prendre en expérience, garder certains joueurs de l’année dernière pour garder cette ossature et cette expérience et les joueurs extérieurs, qui sont ici pour apporter une plus-value sur certains postes spécifiquement identifiés. La formation reste cependant au milieu du projet. »
Vous avez travaillé avec Évian Thonon Gaillard, lorsqu’ils étaient en Ligue 1. Y a-t-il des changements encore plus importants entre la montée en Ligue 2, et la montée en Ligue 1 ?
« Une accession, ça bouleverse forcément le fonctionnement d’un club. En Ligue 2, c’est la découverte du milieu professionnel, il faut avoir un stade homologué pour les compétitions. Il y a la découverte des droits TV et le bouleversement économique forcément.
Quand vous accéder à la Ligue 1, on est sur une sphère encore différente. Les droits TV sont bien plus importantes. On double notre budget en accédant à la Ligue 1. Il y a des exigences en termes de billetterie encore plus importantes, on double les affluences. Les entreprises sont encore plus attentives à un club qui performe en Ligue 1, parce que la visibilité est décuplée. Le dernier OM-PSG a été diffusé dans plus de 160 pays donc on se rend compte de l’ampleur de la chose.
Cela a donc des conséquences sur l’intérêt du club et puis après, c’est le niveau des joueurs qui est encore plus important et qui a un impact encore plus significatif sur les finances du club.
Le passage de la Nationale à la Ligue 2 est un gap important. Mais le passage de la Ligue 2 à la Ligue 1 l’est tout autant si ce n’est plus.
La LFP a annoncé qu’il souhaitait passer de 20 clubs à 18 d’ici 2024. Annecy est actuellement 10ème de Ligue 2. L’objectif reste le maintien ?
» Nous aujourd’hui, en tant que promus, et 19ème budget du championnat, on est très humble dans ce que l’on souhaite faire. L’objectif est clairement de se maintenir.
On a cette saison une belle aventure au niveau sportif, qui nous a permis aujourd’hui d’enchaîner les bons résultats et d’être dixième au championnat. Nous avons la volonté de continuer pour que l’année prochaine et les années d’après, le FC Annecy se stabilise en Ligue 2. «
Il n’y a donc pas de volonté pour l’instant de monter en Ligue 1 ?
» C’est très compliqué de pouvoir projeter une montée en Ligue 1. Au-delà de l’aspect sportif, l’aspect encore une fois des infrastructures reste un problème. On joue dans un stade qui est vieillissant, et on n’a toujours pas de centre d’entraînement, même si on y travaille. Mais aujourd’hui nos infrastructures ne sont pas au rendez-vous et je pense que pour le projet du FC Annecy, tant que nos infrastructures ne répondent pas à des normes supérieures, ce sera compliqué d’avoir une stratégie ambitieuse qui nous poussera vers la Ligue 1.
On ne s’interdit pas d’y aller un jour, mais la priorité reste la Ligue 2. «