Jay Vine est arrivé tard sur le circuit professionnel, à 25 ans. Alors depuis, quand il ne gagne pas les étapes, il les sautent. Première course cycliste en 2017, premier titre de champion du Monde sur la plateforme Zwift en 2020, premières victoires d’étapes sur un grand Tour (la Vuelta) en 2022. Et maintenant ? Depuis janvier 2023, l’Australien n’a pu participer qu’au Tour Down Under, première compétition de la saison… qu’il a remportée à domicile, évidemment.
Après la révélation, la confirmation
Sa première opportunité de carrière professionnelle, Jay Vine l’a prise à pleines mains. Patinant entre le niveau amateur et semi-professionnel en Australie, le coureur est freiné par la pandémie du Covid-19. Il se confine avec Bre, aujourd’hui sa femme, avec qui il a découvert le cyclisme. Le couple, pour continuer le sport, pratique sur la plateforme Zwift, qui, avec un vélo d’intérieur, reproduit des épreuves virtuelles.
Jay Vine a alors un objectif : remporter la Zwift Academy 2020. « Je me suis préparé à fond, il n’y avait rien d’autre à faire », raconte-t-il. Il s’impose sur l’épreuve, et s’ouvre enfin les portes du monde professionnel. Alors en passe de rejoindre la formation australienne semi-professionnelle ARA Pro Racing Sunshine Coast, Vine est finalement repéré par Alpecin-Fenix (aujourd’hui Alpecin-Deceuninck), notamment pour la puissance qu’il produisait sur Zwift. Il signe un contrat d’un an, que la formation belge ne regrette pas.
L’interrogation autour de Jay Vine résidait dans sa capacité à reproduire ses performances physiques hors-norme, sur route. En 2021, il prend ses marques sérieusement, avec 2 podiums sur des étapes du Tour de Turquie et une 3e place sur la 14e étape de la Vuelta. L’année suivante, Vine se révèle enfin au grand public. Il termine le Tour de Norvège en 2e position du général, derrière Remco Evenepoel. Quelques semaines plus tard, il est le seul à résister au même Evenepoel lors de l’ascension du Pico Jano, et remporte sa première victoire en pro, sur la Vuelta. Deux jours plus tard, rebelote, et Jay Vine s’impose à nouveau seul sur un sommet espagnol. Il porte même pendant quelques jours le maillot à pois, distinction du meilleur grimpeur.
Dans la cour des grands en 2023 ?
C’était l’un des transferts les plus intéressants avant la reprise. Jay Vine a signé un contrat de deux ans avec l’UAE Team Emirates, où il rejoint avec Adam Yates de nombreux coureurs de renom : Tadej Pogacar en première ligne, mais également Juan Ayuso ou Joao Almeida. L’objectif : dominer le classement UCI 2023, et faire tomber la Jumbo-Visma, qui les devançait l’année dernière. L’Australien doit donc prouver ses capacités en tant qu’équipier. Ambitieux, il n’a pas pour objectif de s’arrêter à ce rôle, et d’après lui, l’UAE non plus : « Il est clair que l’équipe ne m’a pas engagé pour être un simple équipier. Ça va être passionnant. »
Vainqueur sur le Tour Down Under, le grimpeur n’a pas pu remporter d’étape. Il a cependant vite pris la mesure de son nouveau maillot. Sur les côtes australiennes, il n’a rien lâché à ses adversaires dont faisait partie Simon Yates : « La deuxième place au classement général était le mieux que je pouvais faire », raconte le britannique. « Jay Vine est un grand talent et je suis sûr que ce n’est pas la dernière fois que nous le voyons. » Au-delà de s’imposer en haute altitude, Vine s’est montré très surprenant sur le plat. En septembre dernier, il remporte le championnat national australien du contre-la-montre. Performance aussi étonnante qu’impressionnante, qui a sûrement aidé à la décision des dirigeants d’UAE Team Emirates.
« Mes objectifs sont fixés en mai et juin. Vous pouvez prendre ce que vous voulez de ces dates ». Jay Vine est pressenti pour prendre le départ du Giro, sa troisième participation à un grand Tour. Après l’Espagne, il découvrira la Grande Botte sur le mois de mai. Il épaulera probablement le portugais Joao Almeida, puisque Tadej Pogacar ne prendra pas part à la course. Au vu de la très bonne condition du coureur australien, il est légitime d’imaginer le voir dépasser sa fonction. Son panache, démontré sur les routes de la Vuelta, et sa puissance sur les ascensions font de lui une des potentielles belles surprises de la saison. De là à lâcher son leader Tadej Pogacar en montagne, à la manière d’un Chris Froome avec Bradley Wiggings en 2012 ? Pas sûr. Mais attendons de voir.