Elu en Juin 2022, Gustavo Petro est le premier président colombien de gauche. Celui qui veut incarner le changement dans un pays dirigé par la droite depuis toujours s’attaque à tous les secteurs. Economie, emploi, agriculture… Un débat parallèle voit également le jour avec son élection. Celui-ci porte sur un problème majeur du pays : la cocaïne.
Le marché actuel de la cocaïne
Si le président veut du changement, la tâche n’est pas aisée. Entre augmentation de la production, de la consommation et difficultés de contrôler les cartels, la légalisation n’est pas pour tout de suite. Quelles sont alors les composantes du trafic de cocaïne mondial actuel ?
Après 50 ans d’une « guerre contre la drogue » lancée par Richard Nixon dans les années 70, la cocaïne n’a jamais autant circulée. Un record s’est même établi en 2020 avec une production mondiale s’élevant à 1 982 tonnes. Surtout, la Colombie reste le premier pays producteur mondial. Ce qui explique peut être la volonté de son président de se faire le leader du mouvement. Avec le développement des transports maritimes et du fret, la cocaïne est acheminée dans des contenners jusqu’aux ports européens, avant d’être déversé sur tout le continent. Parmi ces ports, celui d’Anvers en Belgique, devenu la principale porte d’entrée vers l’Europe. En 2022, près de 110 tonnes ont été saisies, là aussi un record. Ainsi, l’afflux est massif, les contrôles difficiles faisant la part belle aux cartels et leur économie parallèle.
Fini les passeurs d’antan arrêtés aux aéroports. Fini les avions transitant des cartels aux Etats-Unis sous les radars de la DEA ou des services de douanes. Désormais les marchés illégaux se confondent avec les légaux.
Bien que le cannabis reste le premier produit stupéfiant consommé à l’échelle mondiale, la cocaïne gagne progressivement du terrain. L’image d’une drogue réservée à la haute société s’estompe. Sa consommation est en réalité bien plus éparse. Les classes populaires des pays riches apparaissent être les plus touchées. En tête de file, les Etats-Unis, premier consommateur du monde dont la guerre contre la drogue n’a jamais cessez.
Problème mondial au niveau de la santé mais aussi de l’économie, la cocaïne est interdite dans presque tous les pays du monde. Tous la condamne et peu son ceux qui évoquent sa légalisation. Gustavo Petro est l’un de ces hommes qui lancent le débat.
Le président colombien prêt à la légalisation
La Colombie est depuis les grands cartels (Medellin, Cali) associée au narcotrafic et à la cocaïne. Jusqu’à lors les différents gouvernements n’ont pas réussi à faire tomber le trafic. C’est l’ambition du nouveau président colombien, Gustavo Petro. Celui-ci à ouvert le débat sur une possible légalisation de la cocaïne. L’une des premières raisons reste la volonté de lutter contre les cartels. En effet, alors que le pays dépense des millions, aidé par les Etats-Unis dans la lutte contre les cartels, les résultats se font attendre. Malgré les actions au glyphosate pour détruire les champs de coca, ceux-ci réapparaissent aussi vite qu’ils sont éradiqués. Il est donc nécessaire pour le nouveau président de légaliser puis de taxer la production ce qui permettrait de contrôler la consommation et de transformer les champs de coca pour l’agriculture.
Pour Gustavo Petro, la Colombie est un leader de facto de la légalisation. En effet, dans les campagnes colombiennes, où les champs de coca s’étendent à perte de vue, la cocaïne est déjà acceptée. Certains villages l’utilisent même comme monnaie d’échange. Les billets ne sont plus nécessaires, les feuilles de coca font l’affaire. La question n’est pas de transposer ce système à l’échelle nationale mais bien de montrer que la cocaïne fait partie du paysage colombien, que les dirigeants le veuillent ou non.
Le président tente également de s’imposer devant les nations unies en leader continental de la lutte contre la drogue. Il dénonce devant l’assemblée le 20 septembre 2022, une guerre contre la drogue qui à trop durée, sans résultats probants. Il a notamment fait le parallèle entre les mesures prises pour l’environnement et celles pour lutter contre la cocaïne en déclarant : « qu’est-ce qui est le plus toxique pour les êtres humains, la cocaïne ou le charbon et le pétrole ? Les diktats du pouvoir ont ordonnée que la cocaïne soit le poison et qu’il faut la poursuivre […] en revanche, le charbon et le pétrole devraient être protégés. ».
Les grandes instances ne semblent cependant pas prête pour le moment à étendre le débat, trop de pays sont réticents.
Et ailleurs ?
Le reste du monde ne semble pas aussi pressés de voir la cocaïne légalisée. D’un point de vue moral tout d’abord, certains considérant une légalisation comme une incitation. Cependant, d’autres voies s’élèvent pour une possible légalisation. Dans son article, « Joe Biden est trop timide. Il est temps de légaliser la cocaïne », The Economist fait un plaidoyer en faveur de la poudre. Le tabloïd anglais prend l’exemple du cannabis, légalisé dans certains pays (Canada et certains Etats américains),
Le débat n’est donc pas là. Les pays occidentaux ont d’abord pour cible le cannabis, drogue la plus consommé mondialement. La France n’échappe à cette règle. L’usage de cannabis à usage récréatif est en réflexion, et serait en passe d’être accepté notamment après le rapport publié par le CESE.
Alors, la légalisation de la cocaïne ne semble pas être pour tout de suite. Au moins, le débat est ouvert.