Les rugissements des Bleus résonnent dans le Yoyogi stadium de Tokyo, anormalement vide. La France vient de remporter son troisième titre olympique, en faisant tomber les danois (25-23) en finale. Elle vient aussi de confirmer son statut de plus grande nation de l’histoire de la discipline. Un an et demi plus tard, ce statut n’a pas été remis en question. Cependant, cette équipe n’a plus touché de titre, et ne s’en est pas rapprochée dans le jeu. En 2023, les hommes de Guillaume Gille veulent reprendre leur dû.
Beaucoup de blessés, beaucoup de profondeur
On s’est récemment émerveillé du réservoir des Bleus de Deschamps, en finale de Coupe du Monde malgré de nombreux absents. Au hand, la réciproque est vraie, et depuis des années. La liste de 18 joueurs de Guillaume Gille sera dépourvue d’habitués et de nouveaux espoirs : Hugo Descat, Karl Konan, Aymeric Minne, Timothey N’Guessan, Wesley Pardin puis récemment Kyllian Villeminot et Benoît Kounkoud. Pourtant, le sélectionneur va faire évoluer des joueurs habitués au haut niveau, qui semblent tous être en mesure d’obtenir une place de titulaire. Les 18 joueurs retenus par l’ancien demi-centre ne sont donc pas une surprise. On y retrouve les habituels cadres des dernières années, avec les frères Karabatic ou les barcelonais Ludovic Fabregas et Dika Mem.
Certains postes posent cependant encore quelques questions. Dans les cages tout d’abord, le remplaçant de Vincent Gérard n’a pas encore pris sa place. Les deux montpelliérains Rémy Desbonnet et Charles Bolzinger devront se battre pour la place de numéro 2. Si Bolzinger a pris une légère avance en club, Desbonnet semble mieux placé dans cette course. Convaincant en sélection, il a eu plus de temps de jeu. Le poste d’arrière gauche va aussi se jouer entre Nikola Karabatic, Thibault Briet et Elohim Prandi, de retour après son agression du nouvel an 2022. Karabatic est pour le moment aligné à gauche, mais pourrait être replacé demi-centre, laissant la place à l’un des deux espoirs de 23 et 24 ans.
Des prestations convaincantes en préparation
Lors du Tournoi de France, les Bleus ont été performants face aux Pays-Bas (43-32) puis contre l’Egypte (33-32). Ces deux nations émergentes au niveau mondial ont offert une opposition loin d’être ridicule face aux français, qui ont pu se mettre en jambes de la meilleure des manières. Le point fort de ces deux rencontres : les pivots. Guillaume Gille a le grand luxe de choisir parmi Luka Karabatic, Ludovic Fabregas et Nicolas Tournat pour ce poste. Tous les trois en grande forme en club, ils ont tour à tour martyrisé les défenses néerlandaises et égyptiennes, monopolisant les ballons en attaque. Sur les deux matchs, Nicolas Tournat termine à 15/15 au tir. Dans la bataille à la titularisation, c’est Luka Karabatic qui tient la corde, alternant avec Fabregas. Tournat fait office de joker de luxe, dont ne se privera pas le sélectionneur.
Nadim Rémili s’est montré très performant sur les deux rencontres, au poste de demi-centre. Souvent exposé aux critiques en sélection, le gaucher de Kielce a été très solide à la création. Capable de déclencher de très loin, il a surtout distribué des passes à ses pivots. Le développement de ce double danger offensif fait de lui un titulaire indiscutable dès mercredi face à la Pologne (21H). Sur les ailes, Dylan Nahi a été efficace à la finition sur son temps de jeu qu’il partage avec Mathieu Grébille, à gauche. De l’autre côté, Yannis Lenne alternera avec Valentin Porte, suite à la rechute de Benoit Kounkoud, annoncé initialement comme le titulaire à ce poste.
Monter en puissance face à l’adversité
Malgré ces belles victoires, la France encaisse 54 buts en deux matchs. De moins en moins portée par Vincent Gérard depuis quelques années, la sélection doit élever son niveau de jeu défensif. Le premier tour du Mondial est une formalité à remplir. Le match d’ouverture reste cependant un gros test, dans une ambiance sûrement électrique. Guillaume Gille a été clair : « on vise la victoire ». Pour ça, l’entrée en matière devra être soignée, et la dynamique de groupe vite trouvée, avant de retrouver les « gros ».
Les favoris sont globalement les mêmes que durant les dernières années. Le Danemark en fait encore partie. L’effectif est sûrement le plus complet, et est très peu impacté par des absences. Double champion du monde en titre, les hommes de Mikkel Hansen visent le three-peat, ce qui constituerait une première dans l’histoire. A domicile, les suédois veulent enchaîner après l’Euro 2022. Leur jeu rapide en transition a éliminé par deux fois les français en demi-finale, sur les deux dernières compétitions. Le Mondial 2021 et l’Euro 2022 s’est clôturé avec les mêmes nations dans le dernier carré : Danemark, Suède, France et Espagne. La Roja composera sans son meilleur buteur, Aleix Gomez. Mais même sans lui, la sélection de Jordi Ribera reste une menace.
Sans costume de grand favori, les Bleus gardent pour objectif la reconquête de leur titre préféré. Dans le viseur, Paris 2024 évidemment, mais surtout une septième étoile sur le maillot.