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Mascarade, de Nicolas Bedos.

Sorti en novembre, Mascarade est un film du réalisateur français Nicolas Bedos. Au casting, Pierre Niney, Marine Vacth, Isabelle Adjani et François Cluzet.

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Mascarade (2h22) est un film français écrit et réalisé par Nicolas Bedos. Pierre Niney incarne le personnage d’Adrien qui tombe très vite amoureux de Margot incarnée par la sublime Marine Vacth. Isabelle Adjani (Martha) et François Cluzet (Simon) jouent de riches sudistes qui vont succomber au charme des deux jeunes gens. Après Mr &Mme Adelman (2017), et La Belle Epoque (2019), des productions basées elles aussi sur des passions amoureuses et leur rapport au temps, N.B porte à l’écran une nouvelle histoire d’amour passionnelle de deux jeunes gens en manque d’argent facile. Ce n’est donc pas spoiler que de prévenir que c’est autour d’un triple couple et de plusieurs faux-semblants que toute l’histoire va tourner.

Le casting est cinq étoiles, les acteurs principaux jouent à merveille. Le jeu d’Isabelle Adjani nous a été difficilement supportable : la faute au rôle ou à l’actrice même ? Elle est coincée dans une espèce de double maléfique d’elle-même : ancienne actrice à succès, obsédée par les apparences, odieuse. Elle n’attend qu’une chose : qu’on la désire à nouveau et pas seulement parce qu’elle est le reflet d’un somptueux passé. Ses crises de nerfs, au cours desquelles elle exige soit des relations sexuelles soit plus de « miel sur ses pancakes » nous ont fait frissonner de gêne tellement son jeu sonne faux.

Esthétiquement tout sonne blingbling, superficiel. Les décors, des lieux huppés de la French Riviera sont encombrés d’œuvres d’arts, de tapis, de peintures… Il y a énormément d’informations à l’intérieur de l’image, ce qui ne laisse pas d’autres choix que d’opter pour des plans simples : champ/contre-champ. Mais c’est ce qui marche le mieux vu que la mise en scène est épatante : on voit se créer, se délier plusieurs histoires d’amour, de tromperies, de magouilles et de mensonges tout en assistant à des scènes parfois dignes de films d’actions : il y a des coups, des accès de colère, de désir, et parfois presque des cascades.

C’est pour nous la marque de fabrique de Nicolas Bedos qui aime à croire que les vraies histoires d’amour, celles qui méritent d’être montrées et vécues, sont celles qui nous font nous sentir vivant : dans la douleur, le plaisir ou l’obsession. Ce qui est sûr c’est que vous ne risquez pas de vous ennuyer. Son histoire est complètement folle. Sur la première partie du film, elle marche plutôt bien : on navigue entre la romance de Margot et d’Adrien, et leurs manigances pour faire succomber leurs pigeons respectifs afin de s’enfuir à deux. Il a l’ambition de plaire au spectateur avant tout.

« J’essaie de tourner des films que j’aimerais aller voir au cinéma en tant que spectateur. »

Nicolas Bedos, à propos de Mascarade.

On peut souligner de la part du réalisateur une certaine finesse dans les dialogues et dans les situations qui nous arrachent des rires surpris : il réussit vraiment à nous faire passer un bon moment. Mais ce bon moment est-il un grand moment de cinéma ? On en doute vraiment.

Le rythme de ce film est effréné, on n’a pas le temps ni l’espace de s’entendre penser. Peut-être est-ce calculé afin de capter l’attention du spectateur et éviter qu’il ne s’attarde sur certains points faibles. Alors que c’est la simplicité qui fait triompher les plus beaux films, on a le droit ici à un rythme effréné, des personnages complexes, perdus dans leurs passés et leurs relations. Cela résonne d’ailleurs avec les dires du réalisateur James Gray qui sort le film (presque) familial Armageddon Time :

« J’aime cette citation de Hokusai qui a vécu assez âgé pour l’époque, où il dit espérer pouvoir peindre une feuille à 90 ans et l’essence d’une feuille à 120 ans. Atteindre une forme de transcendance… J’espère tendre vers cette simplicité, mais en art, c’est ce qu’il y’a de plus compliqué. (…) Je n’aspire qu’à cette simplicité-là. »

James Gray.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Mais si on arrive à se détacher du rythme pour s’attarder sur les personnages, tout s’effondre : leurs backgrounds sont des clichés largement rebattus, et nous sont donnés en cinq minutes au détour d’une discussion (l’ex-star en manque d’attention, le danseur blessé qui met une croix sur sa carrière…). C’est là que ça coince pour nous : on n’arrive pas à croire en la sincérité et en la vraisemblance de l’histoire. Si l’on ment ou si l’on trompe pour cacher une vérité, il faut qu’on puisse croire à cette vérité. Et leurs sentiments on n’y croit pas, en tout cas pas profondément. On reprochera aussi à N.B la mise en scène de ses propres fantasmes, notamment dans le personnage de Margot : femme fatale, mystérieuse et indépendante qu’on ne pourra jamais vraiment posséder mais qui reste une coquille vide pour le spectateur. On n’a aucune sorte d’empathie pour elle. Il nous sert aussi quelques clichés sur les hommes qui sont représentés comme incapables de penser autrement qu’avec ce qui leur pend entre les jambes. Malheureusement cela nous donne des personnages caricaturaux, un peu grotesques, et nous laisse assez indifférents.

Pour conclure, on suit l’histoire rocambolesque de Mascarade comme une énigme à résoudre sans pour autant que la résolution de celle-ci, quelle qu’elle soit, nous tienne à cœur. Nicolas Bedos a comme mérite de vouloir faire des films pour les gens, pas les cinéphiles : c’est une intention et une mentalité qu’on salue. Mais on a vraiment ressenti qu’il voulait nous semer dans le rythme effréné de son film, qu’on ne soit tenus qu’à suivre correctement la trame de l’histoire, sans pouvoir s’attarder sur le reste. On se pose la question de savoir s’il ne finit pas par sous-estimer l’intelligence du public ?

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