Un sujet passé sous silence
Le documentaire « Eating Our Way to Extinction », sorti au début de l’été, a été réalisé par Ludo et Otto Brockway, dans un but d’information sur la catastrophique gestion de nos systèmes de production.
Survolant la planète de la Norvège à Taïwan et du Brésil à la Mongolie, ce documentaire présente un témoignage de l’impact néfaste de la société de consommation, ainsi que de l’importance de l’alimentation dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce documentaire met en lumière le lien direct existant entre nos habitudes de consommation excessives, entraînant la disparition de millions d’espèces, et la crise climatique qui nous nargue depuis plusieurs années.
Otto Brockway explique: « Pendant 4 ans, nous avons parcouru le monde et filmé la dure réalité à laquelle nous faisons face en raison de l’écroulement écologique. Il nous apparaît très clairement qu’un élément a mené à la destruction de nos écosystèmes plus vite que les autres ». Narré par l’actrice britannique Kate Winslet, également co-productrice, le documentaire est désormais disponible gratuitement en version française, incarnée par le journaliste activiste Hugo Clément (sur Youtube ou Amazon Prime).
Se battre contre la surproduction
Le rôle de l’agriculture animale
En guise d’ouverture, une vue paisible de la forêt, soudain troublée par l’abattage d’un immense arbre.
Au Brésil, pays abritant de nombreuses réserves indigènes, la déforestation est un fléau, mais surtout une véritable poule aux oeufs d’or. L’élevage intensif d’animaux destinés à la consommation humaine nécessite le défrichement de milliers d’hectares de forêts où sont réfugiés des espèces déjà en voie de disparition ainsi que des tribus indigènes dont les vies se retrouvent menacées.
Le constat effectué est donc le suivant : l’agriculture animale est le secteur le plus destructeur pour notre planète.
Pour l’élevage intensif, il est nécessaire de défricher encore plus de terres pour « semer du mais et du soja génétiquement modifiés arrosés d’herbicides de pesticides et engrais chimiques. » Les chiffres sont alarmants: seulement 6% du soja cultivé servirait à la consommation humaine, tandis que 79% serait destiné à nourrir les animaux d’élevage.
Interrogée sur l’impact de la consommation sur le changement climatique, la docteure et conférencière sur le véganisme, les droits des animaux et la nutrition, Joanne Kong répond: « Les crises mondiales graves allant du changement climatique et des dommages écologiques à l’extinction d’espèces, la famine la pauvreté, les maladies et la résistance aux antibiotiques, toutes ces crises ont des liens directs avec l’agriculture animale et l’inefficacité énorme de nos systèmes actuels de production alimentaire. »
L’impact sur les océans et la surpêche
L’impact de l’élevage intensif sur les zones marines est direct. Le processus est ainsi expliqué : les cultures d’aliments pour le bétail sont aspergés de produits chimiques et d’engrais contenant de l’azote qui s’écoule jusqu’aux rivières et finit par atterrir dans les océans. L’eau riche en azote stimule la prolifération d’algues qui privent l’eau d’oxygène et tue la vie marine environnante. Selon la revue scientifique Nature, la surpêche est la première cause de l’extinction de la vie marine (90% des grands poissons ont disparu de l’océan depuis 1950).
De plus, le phénomène des fermes piscicoles dont les poissons sont nourris de produits toxiques se développe de plus en plus fréquemment. L’enquête menée en Norvège et en Écosse, pays réputés pour leurs poissons « purs », révèle des fonds de filets en réalité remplis de poissons malades, parasités, ayant ingéré des quantité énormes de plastique déversé dans l’océan, ou tout simplement morts.
Ainsi, abandonner la viande pour le poisson ne serait pas non plus la solution à adopter, car d’autant plus nocifs pour la santé.
Changer de mode de vie
Ce film propose une intense réflexion sur nos habitudes de consommation et systèmes de production, tout en faisant l’apologie du véganisme et de ses bienfaits.
S’il est désormais avéré que le fait de manger de la viande nuit au climat mondial et nous rapproche de ce que les spécialistes appellent le point de non-retour, les choix personnels seraient pourtant un facteur déterminant dans cette lutte. En effet, un régime principalement à base de plantes, de fruits et légumes, ou de blé permettrait de réduire le risque de maladies, de problèmes cardiaques de cancers… mais aussi, une pierre deux coups, de laisser une planète durable aux futures générations. (cf. les zones bleues, régions du monde où la longévité des habitants est au-dessus de la moyenne)
Le documentaire se clôt finalement sur un appel collectif à changer ces habitudes de consommation en trouvant des alternatives et à réaliser que l’on peut encore se sauver de l’ »extinction ».
Pour visionner le documentaire: https://www.youtube.com/watch?v=LaPge01NQTQ