Un Shapovalov nerveux qui donne cadeau sur cadeau
Les deux premiers sets sont à sens unique. En effet, Shapovalov, alors que le premier point n’a pas encore été joué, s’en va directement discuter avec l’arbitre. Il reproche d’entrée de jeu le temps pris par Nadal lors du service. Il fera même plus tard, venir l’espagnol au filet pour lui adresser personnellement son agacement. C’est dans ce climat pesant et déconcertant que la partie débute.
Le canadien est tout de suite en grande difficulté. N’arrivant pas à déployer son jeu d’attaque, il force en coup droit comme en revers. Il donne énormément de point sur faute directe et rend pour l’heure une bien mauvaise copie. Également en manque de confiance au service, il passe trop peu de première balle pour inquiéter le majorquin. Il semble déstabilisé, son attitude est nerveuse et les mauvaises décisions se succèdent sans remédiation de sa part. Étonnement, le canadien va, dès l’entame de la troisième manche, se transformer.
L’espagnol en contrôle sans forcer
De son côté, Rafa joue une partition sérieuse, méthodique et commet peu d’erreurs. En contrôle et dans le coup, malgré le rythme saccadé du match, il gère bien son adversaire. Très à l’aise sur son service, il garde une certaine pression sur un Denis un peu perdu. Bien en jambe sur toutes les situations, il trouve de bonnes zones sans particulièrement forcer. Il remporte ainsi aisément les deux premiers sets. La réaction du canadien va par la suite commencer à compliquer les choses.
Le canadien se réveil et renverse la situation
C’est avec envie et une vigueur retrouvée que Shapovalov démarre le troisième set. Plus frais physiquement, on sent que la bascule mentale s’est effectuée. Il prend enfin la mesure de l’événement et met tout de suite la pression sur Nadal. Il assène Nadal de plusieurs balles aux trajectoires tendues, majoritairement dans le court. Bien plus adroit au service, il multiplie les aces et les grosses premières. Ainsi, il remporte les deux sets suivants et recolle à 2-2. Dennis commence le cinquième set avec l’avantage psychologique de la confiance.
Nadal peu efficace et diminuer physiquement
Rafa se fait malmener d’entrée de jeu et subit les assauts du jeune canadien pendant deux sets. Souvent impuissant face à la fougue de son adversaire, il n’arrive pas à imposer son jeu et peine à défendre efficacement. On sent l’espagnol perdre peu à peu le fil de son match et moins présent physiquement. Son regard à ce moment en dit long sur son état d’esprit. Il tente tant bien que mal de contenir l’ouragan Shapovalov qui appuie encore et encore sur chaque frappe. De plus, il donne de nombreux points sur double faute, preuve d’une perte de confiance progressive. À la fin du quatrième set, il fait appel les médecins pour régler un problème d’estomac. Rafa semble alors au plus bas. Mais rien n’est joué et le cinquième set sera libérateur.
L’expérience fait la différence sur le finish
Finalement, c’est l’ancien numéro un mondial qui va reprendre le dessus lors du dernier acte de ce combat. Il revient dans de meilleures dispositions suite à son passage aux vestiaires et renverser la tendance. Shapovalov quant à lui craque et retombe dans ses travers. Après deux excellents sets maîtrisés, il ne parvient pas à conclure en s’appuyant sur son temps fort. On peut dire que Nadal remporte ce match à l’expérience et que c’est cette dernière des grands rendez-vous qui aura manqué au jeune Denis. Il peut nourrir des regrets, car le majorquin était largement prenable. Mais pour cela, Shapovalov aurait dû être capable de maintenir un niveau de jeu bien supérieur tout au long de la partie.
Un match étrange à bien des égards et qui laisse derrière lui un sentiment de déception. L’affiche pourtant prometteuse n’a pas fait rêver, et ce, en raison des dispositions dans lequel se trouvaient les deux acteurs pour ce match. Nadal remporte donc la victoire 6-3, 6-4, 4-6, 3-6, 6-3. Il file donc en demi, face à Berrettini, bourreau de Monfils au tour précédent. L’espagnol à désormais une chance de se qualifier pour la finale et pour peut-être rêver d’un 21ème titre en Grand Chelem.
Article écrit par : Adrien Cochet
