“Deux piètres astronomes s’embarquent dans une gigantesque tournée médiatique pour prévenir l’humanité qu’une comète se dirige vers la Terre et s’apprête à la détruire.” Ce synopsis présente la nouvelle pépite sortie le 24 décembre 2021 sur la plateforme de streaming Netflix.
Attention, cet article contient des spoilers.
Casting 5 étoiles pour porter un message.
Ce nouveau film met à l’affiche des grands noms du cinéma tel que Jennifer Lawrence, Oscar de la meilleure actrice en 2013. Cate Blanchett, Oscar de la meilleure actrice en 2014. Meryl Streep, 3 fois oscarisée entre 1980 et 2012. Rob Morgan connu pour son rôle en tant que Turk Barrett dans le MCU (Marvel Cinematic Univers). Timothée Chalamet, nouvelle star montante du cinéma révélé par le film “Call me by your name” et tant d’autres.
Véritable révélateur de faiblesse d’une politique qui se ment à elle-même, où le paraître, l’appât du gain et le superficiel sont les moteurs de toutes décisions, qu’elles soient politiques ou humanitaires.
Ce film s’inscrit dans une critique flagrante du gouvernement Trump aux Etats-Unis par des scènes explicites. Grande indifférence et scepticisme sont les deux états d’esprits qui seront le fil conducteur de cette critique. Plus qu’un film à scénario catastrophe, c’est un véritable avertissement climatique et ses conséquences directes.
Mais aussi une démonstration de force de ce que pense le monde porté par des acteurs engagés. Rappelons que Leonardo DiCaprio a été nommé en 2014 Messager de la paix pour le climat par l’ONU.
La science mise à l’écart, fiction ou réalité ?
Cette utopie met en scène deux scientifiques à qui on laisse entendre que leur fin du monde ne prédomine pas sur le rapport de mi-mandat américain, ou bien une photo à caractère sexuel. En effet, la présidente, Janie Orlean, interprétée par Meryl Streep, ne s’occupe que de la réputation de son mandat et de son propre enrichissement, et ce après 4 années de pouvoir. Le titre, si bien choisi : “Don’t look up” traduit par “ne regarde pas en haut” qui symbolise la volonté de nier, refuser la vérité liée aux dangers de la météorite, une catastrophe qui touche soudainement l’humanité, sont un subtil lien avec la crise pandémique et la volonté première de nier l’importance d’un virus pourtant si contagieux.
Le parallèle est apparent quand les scientifiques ont été remis en cause pour ne pas affoler les populations et leur barrer l’accès à la vérité. Ne s’inquiéter que de son quotidien est le mot d’ordre et l’attitude à adopter pour ne pas se faire censurer. Alors que des théories complotistes se forment, le Docteur Mindy, joué par Leonardo DiCaprio, devient hystérique sur un plateau télévisé suite aux réactions trop calmes, presque méprisantes à son goût du gouvernement face à l’urgence de la mort imminente. Ce n’est pas sans rappeler les vidéos de membres du corps médical en pleurs et à bout de nerfs face à la pandémie de Covid-19 et au manque de lits dans les hôpitaux en France; ou bien encore au manque de sérieux du Président Donald Trump aux Etats-Unis. Cette pandémie de Covid-19 a laissé fleurir une multitude de vidéos partout à travers le monde, montrant l’enjeu économique et sociétal des populations en détresse.
La haine comme mécanisme de défense, réalité ou fiction ?
La comète se dirigeant vers la terre dans cette fiction à été nommée Dibiasky, qui provient du nom de la doctorante qui l’a découverte : Kate Dibiasky, jouée par Jennifer Lawrence. Dans une scène du film, un présentateur télé insinue que le danger imminent est la cause de la doctorante car la preuve est que la comète porte son nom.
Ici encore, c’est un rappel des discriminations faites aux personnes asiatiques durant la pandémie. Les communautés asiatiques ont subi un racisme irréel par des graffitis sur les devantures de leurs magasins ou restaurants, des embuscades, des agressions verbales et physiques.
Finalement, le mécanisme de défense abordé dans ce film montre une volonté de nier la réalité en tentant de trouver un « bouc émissaire ». Ce mépris ne s’arrête pourtant pas ici. Encore une fois, la doctorante Kate Dibiasky subit un harcèlement virtuel. Elle subit énormément de pression et son rôle tout au long du film sera de garder un calme olympien jusqu’à un point de non-retour qui lui fait scander la vérité aux populations. Ce personnage montre bien que la haine n’arrange rien et est toujours dirigé contre une vérité qui nous échappe et nous effraie, une vérité pourtant immuable.
La présidence Trump, touchée ou coulée ?
La présidente Janie Orlean est sans conteste une satire de Donald Trump. Les traits grossiers du mandat de l’ancien président des Etats-Unis ont d’ailleurs été parodiés durant le film. Par exemple, les scénaristes ont mis en scène son obsession des sondages, des conférences de presse, le martèlement de slogan sur des casquettes. En effet, sa campagne fut plus marketing que politique. On y retrouve également des références de son manque d’instruction sur certains sujets comme des interventions délirantes à l’encontre des citoyens qui a offusqué la communauté scientifique. Nous nous souvenons tous de cette fameuse interview alarmante où Donald Trump a déclaré : « Imaginons qu’on traite le corps avec beaucoup d’ultraviolets, ou une forte lumière. Supposons qu’on amène cette lumière à l’intérieur du corps. Cela n’a pas été vérifié, mais vous allez le tester », s’avance Donald Trump. « Le désinfectant neutralise ce virus en une minute. Est-ce qu’on pourrait faire quelque chose comme une injection à l’intérieur, comme un nettoyage. Voyez-vous, le virus va dans les poumons… »
Nous pouvons aussi voir le fils de la présidente Jason Orlean, joué par Jonah Hill, déclarant durant un meeting : “si ma mère n’était pas ma mère … “ en référence à Ivanka et Donald Trump lorsque ce dernier à dit : « Si Ivanka n’était pas ma fille, je sortirais peut-être avec elle ! Je trouve qu’elle a un joli visage ».
Les sujets de ses meetings ont aussi été abordés. Exemple comme quand Jason Orlean se met du côté des travailleurs et leur affirme son plus grand respect, leur fait penser qu’ils estiment que les seuls vrai citoyen américains sont les ouvriers, tandis que quelques minutes après, il n’hésite pas à les insulter de “ploucs”.
Référence ou bien succès ?
Ce film combine parfaitement les références et le succès. En seulement deux semaines, il fait partie du top 3 des films les plus vus de la plateforme. Le premier étant “Red Notice” et le second “Bird Box” avec Sandra Bullock.
Le réalisateur Adam McKay, oscarisé pour « Le Casse du siècle« , affirme : «En faisant rire de la fin du monde, « Don’t Look Up » peut faire émerger une prise de conscience»
Car c’est tout l’intérêt du film, détacher les opinions dirigés par les hauts placés, ouvrir les yeux et se forger sa propre pensée, réfléchir par soi-même dans une ère où tous les outils de la connaissance sont à dispositions de chacun.
Don’t look up ! Déni cosmique, une comédie noire ou un miroir de la société ?