C’est entériné, aucune reconnaissance de culpabilité ne sera émise par le tribunal judiciaire de Paris qui a conclu un accord avec le groupe LVMH. Le groupe a accepté de payer 10 millions d’euros à la justice française pour éviter des poursuites judiciaires dans l’affaire qui implique l’ancien directeur du renseignement intérieur Bernard Squarcini.
La convention d’intérêt public ( CJIP ) a l’initiative du parquet de Paris a été ratifiée par le groupe de luxe et homologuée le vendredi 17 novembre lors d’une audience. La conclusion de cet accord intervient alors que l’enquête cherchait à comprendre depuis 2011 les liens qui existaient entre Bernard Squarcini et en particulier le groupe de Bernard Arnault.
Une conclusion qui interroge sur plusieurs points
Cette affaire a été élargie en 2019 suite à la plainte avec constitution de partie civile déposée par François Ruffin et le journal Fakir. Il accusait celui-ci de l’avoir espionné pour le compte de Bernard Arnault alors qu’il tournait le film Merci Patron!
Relatant l’histoire de la famille Klur qui se retrouve criblée de dettes et au chômage suite à la délocalisation de leur usine qui fabriquait des costumes KENZO pour le groupe LVMH dont le PDG est Bernard Arnault.
Lors de l’audience de validation de cet accord, l’actuel député de la Somme a indiqué que cette amende ne représentait que 0,02% du chiffre d’affaires du groupe LVMH. Ce dernier a en effet gagné 44,6 milliards d’euros grâce à des marques comme Séphora, Dior, Louis Vuitton et les spiritueux Hennessy par exemple. Il a ainsi appelé la juge à refuser cet accord.
«La justice peut-elle s’acheter et pour pas cher ? La réponse est oui», a réagi François Ruffin à l’issue de l’audience au près de nos confrères de Libération. «C’est un blanc-seing pour toutes les futures affaires d’infiltration de multinationales. Il a suffi que LVMH paie pour être extrait de la procédure», a-t-il lancé.
«Le principal commanditaire de cette affaire sort par la petite porte», a regretté Me Alexandre Merdassi qui représentait François Ruffin et l’association Fakir, également partie civile, lors de l’audience. Il a estimé que ce chèque de 10 millions d’euros ne représentait «rien» pour LVMH et n’avait «aucun intérêt dissuasif».