Il y a cinquante-quatre ans, entre le 15 et le 18 août 1969, se déroulait le festival de Woodstock. Retour sur ce festival qui aurait pu être un énorme fiasco mais qui est devenu un des plus célèbres du monde.
Quand on évoque l’été, on pense à la plage, à la mer, aux journées ensoleillées mais aussi aux festivals. Apparus au début des années 60, ils n’ont cessé depuis de rassembler des dizaines de milliers de personnes réunies pour faire la fête et écouter leurs artistes préférés. Les festivals sont donc devenus les évènements musicaux incontournables de la saison estivale. Si aujourd’hui certains d’entre eux sont connus dans le monde entier, on pense notamment à Tomorrowland, Coachella ou encore We Love Green, il y a en a un qui a particulièrement marqué les esprits. Le festival de Woodstock est en effet entré dans l’Histoire et est devenu un des symboles de la culture hippie. Voici donc l’histoire d’un festival devenu légendaire.
Le festival de Woodstock… qui ne se déroule pas à Woodstock
Il y a environ cinquante-cinq ans, quatre entrepreneurs, Joel Rosenman, Michael Lang, John Roberts et Artie Kornfeld, souhaitent organiser un concert en plein air afin d’acheter un studio d’enregistrement à Woodstock, petite ville de l’Etat de New-York. Finalement, ils abandonnent l’idée de financer la construction d’un studio mais gardent celle d’un concert en plein air.
Les quatre jeunes hommes souhaitent que le concert se déroule entre le 15 et le 17 août 1969 à Woodstock. Pour cela, ils demandent l’autorisation des autorités locales qui refusent catégoriquement. Ils décident donc de louer un terrain à un fermier de Bethel, petit village situé à 70 km au Sud de Woodstock. Malgré ce changement de lieu à la dernière minute, les organisateurs ne modifient pas le nom du festival, ce qui a permis d’associer la ville Woodstock à ce festival légendaire. Seulement, ce changement de lieu va aussi avoir des conséquences importantes sur l’organisation de l’événement.
Un festival rendu célèbre à cause de son organisation catastrophique
Si Woodstock est entré dans l’Histoire, c’est en partie à cause de l’organisation catastrophique du festival. Initialement, il devait durer trois jours et accueillir 50 000 spectateurs. Finalement, cet événement musical sera prolongé un jour de plus et réunira jusqu’à 500 000 festivaliers ! Mais alors, comment en est-on arrivé là ?
Tout d’abord, les quatre jeunes hommes à l’origine du projet n’ont quasiment aucune expérience dans l’organisation d’un festival. En effet, un seul des quatre associés en avait déjà organisé un. Ils n’avaient donc pas anticipé que la programmation du festival puisse attirer autant de monde.
De plus, à cause du changement de lieu à la dernière minute, il n’ont pas eu le temps de mettre en place des dispositifs de sécurité fonctionnels : seules quelques barrières empêchent d’entrer sans ticket dans le festival. En effet, initialement, Woodstock est un festival payant (entre 18 et 24 euros la place). Seulement, face à l’afflux massif de spectateurs qui, dès le premier jour franchissent sans difficulté les barrières, les quatre organisateurs décident de rendre l’accès au festival gratuit. La nouvelle se répand assez rapidement et, dès le soir du premier jour de festival, on compte environ 200 000 festivaliers. Cela crée des embouteillages gigantesques mais pose aussi des problèmes au niveau de la logistique : il n’y a pas assez de toilettes, d’eau ou de nourriture pour accueillir autant de personnes.
D’ailleurs, les embouteillages causés par l’arrivée de tous ces spectateurs empêchent le groupe qui devait se produire en premier sur scène d’arriver à temps. C’est donc Richie Havens, un chanteur folk américain qui chante en premier et doit improviser car le groupe qui devait prendre le relais après sa prestation n’est toujours pas arrivé… à cause des embouteillages.
Un festival noyé sous la pluie
De plus, les organisateurs n’ont pas vraiment pris en compte les conditions météorologiques lorsqu’ils ont mis en place ce festival. Dès le premier soir, il pleut énormément. Du coup, le lendemain matin, le terrain est devenu extrêmement boueux et les tentes des festivaliers sont inondées. Les secours craignent que les spectateurs s’électrocutent avec les fils électriques posés à même le sol. Heureusement, aucune mort par électrocution n’est à déplorer.
Beaucoup de drogues et des secours débordés
D’autant que les secours sont débordés. Nous sommes en effet à la fin des années 60, au moment où le mouvement hippie est à son apogée. De nombreux festivaliers sont donc venus avec du LSD et beaucoup de spectateurs font des malaises ou des bad trip à cause de la drogue. La consommation de drogue justement n’a pas vraiment été anticipée par les organisateurs. En urgence, c’est donc des hélicoptères de l’US Army qui sont envoyés pour apporter de l’eau, de la nourriture et des médicaments. D’ailleurs, ces hélicoptères transportent aussi des artistes qui ne peuvent arriver sur le site à cause des embouteillages. Malgré tous problèmes dans l’organisation, Woodstock reste un festival dont certaines prestations ont marqué l’histoire de la musique.
Des prestations sur scène qui sont restées gravées dans les esprits
Woodstock recevra au total 32 artistes (solo et groupes de musique rock, soul, blues et folk). Bien que l’organisation de l’événement ait été catastrophique, ce festival sera reconnu par le magasine Rolling Stone comme un des 50 moments qui a changé l’histoire du Rock’n’roll. En effet, Woodstock réunit de grandes têtes d’affiche (notamment The Who ou Jimi Hendrix) et certaines prestations sur scène ont beaucoup marqué les esprits. Par exemple, Freedom, la chanson improvisée par Richie Havens le premier jour du festival est devenu un hymne international à la paix.
C’est aussi durant ce festival que Jimi Hendrix a réalisé un des concerts les plus marquants de sa carrière. Lorsque se déroule le festival, les États son déjà engagés dans la guerre du Vietnam , qui est d’ailleurs très critiquée par les adeptes du mouvements hippie. Jimi Hendrix a donc choisi, sur la scène du Woodstock de reprendre l’hymne des Etats-Unis à sa façon. Le guitariste réinterprète cet hymne grâce à un solo de guitare durant lequel il reproduit, les bruits du bombardement des avions de guerre américains qui étaient alors déployés au Vietnam.
D’autres moments marquants ont eu lieu durant le Woodstock festival notamment la reprise du titre des Beatles With a Little Help from My Friends par Joe Cocker ou encore l’interprétation magistrale de l’album Tommy par le groupe The Who.
Un festival qui symbolise desormais le mouvement hippie des années 60
Que ce soit à cause de l’organisation désastreuse ou grâce aux prestations d’anthologie qui s’y sont déroulées, le festival de Woodstock est donc un des plus célèbres du monde. Plus que cela, il est devenu le symbole de la culture hippie avec son célèbre Flower Power mais aussi de la culture contestataire américaine des années 60. En effet, de nombreux artistes ont profité de leur passage sur la scène du festival de Woodstock pour y exprimer leur désaccord avec la société américaine du début des années 70. La plus célèbre est sans nulle doute cette reprise de l’hymne américain par Jimi Hendrix, qui était bien sûr une critique en musique de la guerre du Vietnam.
Le festival de Woodstock a tellement marqué l’Histoire qu’il y a déjà eu deux rééditions de ce festival, une en 1994 et l’autre en 1999. Reste à savoir si une troisième réédition aura lieu en 2029, pour fêter les soixante ans de cet événement qui a marqué le monde de la musique mais qui est aussi entré dans l’Histoire.